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Après Nogent, deux anti-nucléaires interpellés dans la centrale de Cruas

Deux militants de Greenpeace ont été arrêtés lundi soir dans la centrale nucléaire de Cruas (Ardèche), où ils s'étaient introduits le matin. Neuf autres membres de l'organisation étaient parvenus à pénétrer sur le site de Nogent-sur-Seine (Aude).

AFP- Des militants de Greenpeace décidés à illustrer les failles de la sécurité des installations nucléaires ont réussi lundi à s'introduire dans la centrale nucléaire de Nogent-sur-Seine (Aube) et celle de Cruas (Ardèche), et peut-être dans d'autres.

Deux militants de Greenpeace ont été interpellés vers 19H35 sur le site de la centrale de Cruas, selon le groupe EDF et le ministère de l'Intérieur.

Selon le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Pierre-Henry Brandet, "les militants ont été arrêtés à 19H35, ils avaient procédé au découpage d'un grillage à plus de 500 m du bâtiment protégeant les réacteurs et s'étaient cachés sous des bâches en plastique". Ils ont été placés en garde à vue par les gendarmes.

Greenpeace a confirmé à l'AFP que deux de ses militants se trouvaient bien dans cette centrale depuis 6h du matin.

"Ils ont tenu 14 heures cachés à l'intérieur", a indiqué un porte-parole, tout en soulignant qu'il était "trop tôt" pour dire si d'autres militants se trouvaient encore dans des installations. Il a précisé que Greenpeace communiquerait prochainement sur le sujet.

Peu avant, l'organisation avait annoncé que plusieurs de ses militants étaient "toujours paisiblement installés sur au moins une centrale nucléaire".

Déclenchée lundi matin après l'intrusion de Nogent-sur-Seine, une "fouille approfondie" de tous les sites nucléaires de l'Hexagone se poursuivait lundi soir, a indiqué le ministère de l'Intérieur.

"C'est assez irresponsable de prendre des risques avec sa vie et avec la vie des autres", a dit le président Nicolas Sarkozy.

Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a concédé que l'opération menée par Greenpeace "révèle des défaillances dans notre dispositif" de sécurité, estimant que "toutes les leçons doivent en être tirées pour que ce dispositif soit encore plus étanche qu'il ne l'est aujourd'hui".

Des opérations similaires avaient été menées lundi, en vain selon le gouvernement et les forces de l'ordre, par Greenpeace au Blayais (Gironde), à Chinon (Indre-et-Loire) et au centre de recherches nucléaires de Cadarache (Bouches-du-Rhône) du CEA (Commissariat à l'énergie atomique).

"Débriefing précis"

Selon Greenpeace, ses membres ont "réussi à grimper sur le dôme de l'un des réacteurs" de Nogent-sur-Seine lundi matin, "où ils ont déployé une banderole: +Le nucléaire sûr n'existe pas+".

Ils "ont été immédiatement détectés par le dispositif de sécurité", s'est défendu EDF.

"Leur cheminement a été suivi en permanence sur le site, sans qu’il soit décidé de faire usage de la force", a précisé le groupe dans un communiqué.

Les neuf militants interpellés pour l'effraction dans cette centrale ont été remis en liberté dans la soirée et comparaîtront devant un tribunal en avril 2012, a annoncé à l'AFP le ministère de l'Intérieur.

Le directeur du site de Nogent a estimé qu'il n'y avait eu "aucun dysfonctionnement" dans la réaction, "proportionnée au degré de danger". "On avait repéré que c'était des militants de Greenpeace, pacifistes", a expliqué Hervé Maillart, soulignant que les militants "sont toujours restés en dehors de la partie industrielle de l'installation" et "à l'extérieur des bâtiments".

"Il n'est pas normal que des personnes puissent entrer sur un site hautement sécurisé comme l'est une centrale nucléaire, même si les experts font remarquer, à juste titre, que ce n'est pas pareil qu'un cas réel où les réactions des forces de l'ordre ne seraient pas de la même nature que celles qu'elles ont adoptées ce matin", a jugé Claude Guéant.

Un "débriefing précis" devra être effectué "pour que le dispositif soit durci et que de telles intrusions ne puissent plus se produire", a dit le ministre.

Le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a "demandé à ses services une enquête approfondie sur l'intrusion", ajoutant que cela signifie qu'il y a eu des "dysfonctionnements".

L'équipe de campagne de François Hollande n'a pas manqué de souligner que le candidat socialiste à la présidentielle plaçait les exigences de "sûreté des installations" et de "sécurité de la population" au "coeur de son projet de politique énergétique".