Un procès de quatre mois s'est ouvert à Toulouse, pour déterminer les responsabilités dans l'explosion de l'usine AZF. Le tribunal a porté à 31 le nombre de personnes décédées des suites de l'explosion, le 21 septembre 2001.
AFP - Le procès en correctionnelle de l'explosion de l'usine AZF à Toulouse (30 morts, des milliers de blessés en septembre 2001) s'est ouvert lundi pour tenter de faire la lumière sur la plus grande catastrophe industrielle en France depuis la Deuxième guerre mondiale.
A l'appel de plusieurs associations de victimes, quelques centaines de personnes avaient défilé en fin de matinée dans les rues de Toulouse pour manifester leur volonté de "connaître la vérité". Elles ont rejoint en cortège le lieu de l'audience, une salle municipale spécialement aménagée et pouvant accueillir un millier de personnes.
D'une dimension exceptionnelle, le procès s'est ouvert avec plus d'une heure de retard, le temps de recenser les parties civiles présentes parmi les plus de 1.800 déclarées.
Les débats doivent durer plus de quatre mois. Cinq magistrats, au lieu de trois habituellement, composeront le tribunal correctionnel et deux magistrats, au lieu d'un seul, représenteront le ministère public.
Des dizaines d'experts sont attendus à la barre.
Le tribunal doit déterminer les responsabilités dans l'explosion de l'usine AZote Fertilisant (AZF), appartenant à la SA Grande Paroisse, filiale du groupe pétrolier Total, le 21 septembre 2001.
Une soixantaine d'avocats étaient présents lundi, représentant les parties civiles et les deux prévenus, Serge Biechlin, directeur d'AZF à l'époque des faits et seule personne physique poursuivie, et Grande Paroisse, en qualité de personne morale.
Les prévenus doivent répondre des chefs d'homicides involontaires, blessures involontaires, destructions et dégradations involontaires par l'effet d'une explosion ou d'un incendie, et infractions au code du travail.
Certaines des parties civiles ont demandé que Total soit cité à comparaître, estimant que Grande Paroisse n'avait aucune marge de manoeuvre à l'époque par rapport à sa maison mère.
Le tribunal devrait se prononcer dès cette semaine sur cette requête, qui donnera lieu à l'une des premières passes d'armes entre ceux qui accusent Total de "négligence" et la défense.
A l'issue d'une instruction qui a duré jusqu'en 2006, les experts judiciaires ont retenu la piste d'un accident chimique. Ils ont rejeté les hypothèses d'un attentat, évoquée avec force après les attaques du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, ou d'une explosion due au gaz ou à un arc électrique.
Selon les experts, l'explosion serait due au mélange malencontreux de quelques kilos d'une substance chlorée, le DCCNa (dichloroisocyanurate de sodium), avec 500 kilos de nitrate d'ammonium, déversés ensuite dans un hangar contenant un stock de 300 tonnes de nitrate d'ammonium, un quart d'heure avant la catastrophe.
La préfecture avait recensé 30 morts et 2.500 blessés, victimes de l'explosion, qui avait soufflé ou endommagé près de 30.000 logements à des kilomètres à la ronde.
Total a déjà versé 2 milliards d'euros d'indemnisations dans le cadre d'une convention et conteste les conclusions de l'instruction, estimant que toutes les pistes, dont l'hypothèse terroriste, n'ont pas été suffisamment exploitées.
Le procès sera filmé et enregistré, ce qui constitue une première en France pour un tribunal correctionnel.
Le délibéré devrait être rendu dans la deuxième quinzaine de novembre.