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Le FMI en chevalier blanc de la zone euro

Après avoir tenté, en vain, de changer le rôle de la Banque centrale européenne (BCE) et d’augmenter sensiblement les ressources du Fonds européen de stabilité, la zone euro cherche son salut auprès du FMI. Un sauveur pas si providentiel.

Dans leur recherche d’un sauveur providentiel, les Européens se tournent désormais vers le Fonds monétaire international (FMI). Les ministres des Finances des 17 pays membres de la zone euro veulent augmenter les moyens financiers de l'institution financière afin qu’il puisse, à l'avenir, “prêter plus d’argent aux États fragilisés de la zone euro”, a déclaré, mardi 29 novembre, le ministre néerlandais des Finances, Jan Kees de Jager, à l’issue de la première journée du sommet de Bruxelles consacré à la crise des dettes souveraines.

Cet appel du pied au FMI, présidé par la Française Christine Lagarde, intervient après une série d'intenses tractations visant à impliquer davantage la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds européen de stabilité financière (FESF). Les 500 millions d’euros dont dispose ce dernier pour racheter de la dette d’État de la zone euro sont jugés insuffisants alors que la crise s’étend aujourd’hui à l’Italie et à l’Espagne. Le 29 novembre, à Bruxelles, les ministres des Finances n’ont pas réussi à porter cette force de frappe financière à 1 000 milliards d’euros comme cela avait été évoqué en octobre. Ce mercredi 30 novembre, les grands argentiers retournent à la table des négociations. La BCE - qui rachète ponctuellement de la dette des pays fragilisés - refuse, quant à elle, d’en faire sa mission principale.

Mauvais médicament

Reste donc l’argent du FMI. Mais “pour la maladie dont souffre la zone euro, le Fonds monétaire international n’est pas le bon médicament”, affirme à FRANCE 24 Benjamin Carton, spécialiste d’économie européenne au Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii). Le rôle du FMI est, en effet, de prêter de l’argent, mais les caisses de l’Italie ou encore de l’Espagne ne sont pas encore vides. “Le problème en ce moment est que personne sur les marchés financiers ne veut acheter les dettes des pays de la zone euro”, souligne Benjamin Carton qui ajoute que le FMI n’a pas la capacité, contrairement à la BCE ou au FESF, de racheter de la dette sur les marchés financiers. “Une intervention du Fonds ne réglerait donc pas ce problème.”

Mais l'institution de Bretton Woods peut également jouer aux gendarmes et s’avérer utile à la zone euro dans ce rôle. “Il faut quelqu’un qui s’assure que les pays du Sud mettent tout en œuvre pour réduire leur déficit si on veut que l’Allemagne accepte de voir la BCE devenir une sorte de Fed [la Banque centrale américaine] à l’européenne”, explique Benjamin Carton. Le FMI deviendrait alors la carte maîtresse de pays comme la France qui veulent voir évoluer le rôle de la Banque centrale européenne en ce sens. L’organisation de Christine Lagarde servirait donc à résoudre le désaccord franco-allemand actuel sur le rôle de la BCE.

Encore faut-il que le FMI accepte de tenir ce rôle. “S’il accepte d’intervenir, il demandera forcément des concessions aux États membres de la zone euro”, prévient Benjamin Carton. En d’autres termes, les pays émergents, comme la Chine, qui peuvent accroître les ressources du FMI se retrouveront en position de force pour obtenir plus d’influence en son sein. Au détriment de l’Europe et des États-Unis. Washington, qui détient un droit de veto au FMI, risque de ne pas freiner des quatre fers...