
Les Congolais se rendent aux urnes ce lundi pour élire le futur président de la République Démocratique du Congo ainsi que 500 députés. Le sortant Joseph Kabila est favori à sa propre succession face à une opposition divisée.
AFP - Les Congolais ont commencé à voter lundi à 06H00 locales (04H00 GMT) pour élire le futur président de la République démocratique du Congo (RDC) et 500 députés, un scrutin sous tension après des violences lors de la campagne, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Des bureaux de vote ont été incendiés, des bulletins volés, d'autres déjà mis dans des urnes avant l'ouverture du scrutin lundi pour la présidentielle et les législatives en RD Congo, dans la ville de Kananga (Centre), fief de l'opposant Etienne Tshisekedi, a-t-on appris de source onusienne et locale.
Les incidents ont débuté alors que des bureaux de vote tardaient à ouvrir faute de bulletins et d'urnes notamment et ils se sont aggravé après la découverte d'urnes déjà remplies, selon cette source onusienne. Une "quinzaine" de bureaux de vote ont été incendiés, a affirmé à l'AFP un candidat député, présent à Kananga. (AFP)
Les premiers bureaux ont ouvert dans l'est. En raison d'un décalage horaire dans ce pays grand comme l'Europe occidentale, les bureaux ne devaient ouvrir à Kinshasa et dans les régions de l'ouest qu'à 05H00 GMT.
Dans le centre de vote du complexe scolaire Imara à Lubumbashi, dans la province du Katanga (sud-est), les opérations ont débuté à 06H02 (04H02) avec le vote des membres du bureau. Dehors, une douzaine d'électeurs attendaient déjà sous une petite pluie fine.
En revanche, à l'école Jean Calvin, les agents de la Commission électorale attendaient toujours les urnes, les isoloirs et les bulletins de vote. "On est là depuis 05H00, mais pour l'instant nous n'avons rien reçu", a déclaré à l'AFP le chef du bureau Jean-Clément Tshibangu.
Une demi-heure après l'ouverture du scrutin, l'abbé Benoit Tambwe, 50 ans, sort du bureau où il est inscrit, le pouce noirci par de l'encre indélébile, signe anti-fraude qu'il a bien voté: "Il n'y a pas eu de problème, tout se passe bien, dans le calme. J'avais repéré mon candidat page 13 du bulletin des législatives, et j'ai fait une croix au stylo en face de sa figure".
A Kinshasa, de petites grappes d'électeurs patientent déjà devant le bureau 10189 à l'école Saint Georges dans le quartier Kintanbo.
Hélène Manbanda, une agente de la commission électorale de 22 ans s'affaire à guider les électeurs qui cherchent leurs noms sur les listes.
Tel un magicien qui retourne une boîte pour montrer qu'elle n'est pas truquée, le président du bureau exhibe une urne transparente devant les électeurs.
A Mbuji Mayi, la capitale du Kasaï Oriental (centre) et fief du dirigeant d'opposition Etienne Tshisekedi, certains électeurs s'impatientent. "On est des centaines devant le bureau 17803. Pas d'urnes, pas de bulletins, pas d'isoloir", affirme à l'AFP Patrick Kalombo Tshilobo, visiblement remonté.
Près de 64.000 bureaux de vote sont prévus dans tout le pays. La Commission électorale nationale indépendante (Céni) a été placée sous forte pression ces derniers jours pour parvenir à distribuer le matériel électoral, notamment les bulletins de vote.
Onze candidats, dont le président sortant Joseph Kabila, se disputent la présidentielle, et près de 19.000 les 500 sièges de l'Assemblée nationale.
Face à Kabila, grand favori de ce scrutin à un tour, l'opposition se présente en ordre dispersé.
Le patron de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Etienne Tshisekedi, 78 ans, n'a pas réussi à rassembler les autres concurrents sur son nom face au président sortant qui a disposé de gros moyens et des medias d'Etat durant tout le mois de la campagne électorale.
Ni le mobutiste Léon Kengo, 76 ans, président du Sénat, ni Vital Kamerhe, 51 ans, ex-président de l'Assemblée nationale et ancien proche de Kabila devenu opposant déclaré en 2010, n'ont souhaité se ranger sous la bannière de Tshisekedi.
Dans un message à la nation, Joseph Kabila a appelé dimanche soir à aller voter en masse et dans le calme.
"Notre pays vient de loin, d'une situation de guerre et de conflits en tous genres (...) Cette élection est un scrutin "pour la stabilité et l'avenir", a-t-il poursuivi, en mettant en garde de ne pas revenir "à la case départ".
Les résultats provisoires de la présidentielle sont attendus le 6 décembre au plus tard, ceux des législatives le 13 janvier.
