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Sixième jour de sit-in pour les partisans du Hezbollah

Le centre de Beyrouth était à nouveau occupé par des partisans du Hezbollah. Depuis six jours, ces derniers manifestent pour obtenir la démission du gouvernement de Siniora (photo) alors que le pays est plongé dans une grave crise.

AFP - Pour la sixième journée consécutive, des milliers de partisans de l'opposition campaient mercredi dans le centre de Beyrouth, déterminés à faire tomber le gouvernement pendant que les médiations se multiplient sans succès pour tenter de renouer le dialogue.

Les manifestants, rassemblés autour du parti chiite pro-syrien Hezbollah, ont passé une nouvelle nuit dans le camp dressé sous les fenêtres du palais du gouvernement, cerné par des cordons de soldats, faisant face symboliquement au Premier ministre Fouad Siniora.

Ce dernier, installé dans le bâtiment avec une partie de son équipe, a reçu ces derniers jours le soutien renouvelé de nombreuses capitales occidentales et arabes.

Dans ce contexte de blocage total, des affrontements survenus en marge des manifestations, qui avaient fait un mort et une quinzaine de blessés dimanche et lundi, avaient fait redouter un nouveau cycle de violences entre communautés libanaises.

Aucun nouvel incident n'a été signalé dans la nuit de mardi à mercredi, dans la capitale quadrillée par un imposant dispositif militaire.

Mardi, un jeune chiite de 20 ans tué dimanche, dont l'opposition, soutenue par Damas et Téhéran, a d'ores et déjà fait son "martyr", avait été enterré dans un climat de tension dans la banlieue sud chiite de Beyrouth, accompagné par un cortège de milliers de personnes criant "Mort à Siniora".

Le président du Parlement Nabih Berri, une influente personnalité chiite appartenant à l'opposition pro-syrienne, a lancé mercredi un nouvel appel au calme mais promis que l'opposition ne désarmerait pas.

"La balle est dans le camp" de la majorité, a déclaré M. Berri au quotidien As Safir, proche de l'opposition. "Si certains n'ont pas tiré les leçons des discordes passées au Liban et veulent ramener le pays à ce qu'il était avant, (...) qu'ils en portent" la responsabilité, at-il ajouté.

Lundi, le chef de l'opposition chrétienne, Michel Aoun lui a promis une "escalade de la pression populaire" si le gouvernement refuse de négocier sur la formation d'un gouvernement d'union nationale réclamé par l'opposition, alliance entre chiites et une partie de la communauté chrétienne.

Depuis le début des manifestations le 1er décembre, la diplomatie arabe tente de ramener les deux camps vers le dialogue et le secrétaire général de la Ligue arabe, Amr Moussa, après une visite au Liban, a estimé mardi qu'il existait "une lueur d'espoir".

Il a indiqué que les propositions qu'il a soumises aux responsables libanais ont été "de manière générale favorablement accueillies", précisant qu'elles avaient porté "sur le tribunal international, la formation du gouvernement et la tenue de la conférence Paris III".

Une conférence des donateurs est prévue à Paris fin janvier afin de débloquer une aide financière cruciale pour l'économie libanaise, durement éprouvée par la guerre de l'été entre le Hezbollah et Israël et par la crise actuelle.

Quant au projet de tribunal international pour juger les assassins de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri, tué en 2005, il est au coeur des dissensions qui ont conduit les camps pro et anti-syrien au point de rupture.

Alors que des responsables syriens ont été mis en cause dans cet attentat par une commission d'enquête internationale, la majorité anti-syrienne soupçonne l'opposition de vouloir empêcher la création de ce tribunal.

Autre initiative diplomatique, celle du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, attendu mercredi en Syrie pour une visite consacrée notamment à la situation au Liban.

Mardi, la France et l'Allemagne avaient conjointement appelé Damas à s'abstenir "d'apporter son soutien aux forces qui recherchent la déstabilisation du Liban et de la région".