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Le PS et les écologistes réaccordent leurs violons sur l'avenir de la filière Mox

Après la polémique qui avait suivi le retrait d'un paragraphe de l'accord sur le nucléaire obtenu à l'arraché mardi entre le Parti socialiste (PS) et Europe Écologie-Les Verts (EELV), les deux partis ont fait une mise au point.

AFP - Le Parti socialiste et Europe Ecologie-Les Verts ont assuré jeudi s'être accordés sur le sort de la filière du combustible nucléaire Mox après plus d'une journée d'incertitude sur ce point, nouvelle illustration de divergences profondes entre les deux camps.

Le retrait mardi soir par la direction socialiste d'un paragraphe sur "la reconversion à emploi constant de la filière de retraitement et de fabrication du Mox", sur fond de lobby d'Areva, a plongé les écologistes dans la stupeur. Le texte initial, incluant ce paragraphe, avait en effet été validé un peu plus tôt par Martine Aubry (PS) et Cécile Duflot (EELV).

Signe de l'embarras côté PS, François Hollande, assailli jeudi matin par la presse lors d'un déplacement à Paris, a refusé de répondre sur le sujet. "Il n'y a aucune déclaration à faire de plus", a-t-il dit, parlant comme Benoît Hamon la veille de deux "interprétations" différentes d'un même texte.

Mais en début d'après-midi les deux négociateurs Michel Sapin (PS) et Jean-Vincent Placé (EELV) ont fait une mise au point commune, précisant que la filière Mox faisait bien partie de l'accord entre leurs deux formations. Bref, le paragraphe disparu réapparaissait dans le texte final...

Reprenant en tous points dans leur communiqué la formulation présente dans l'accord signé mardi soir, les deux responsables soulignent qu'il est bien prévu d'accompagner la baisse de la part du nucléaire dans la production électrique (de 75 à 50% d'ici 2025) "d'un plan de reconversion" de la filière Mox "permettant de maintenir le nombre d'emplois par la mise en oeuvre de centres d'excellence du traitement des déchets et du démantèlement".

Le chargé du projet présidentiel de François Hollande et le conseiller politique de Cécile Duflot précisent également qu'en cas de victoire de la gauche en 2012, "les activités dans les filières concernées de retraitement et de production de combustible avec les emplois afférents seront maintenues dans les deux sites de production, La Hague et Marcoule".

Les deux partis s'affrontaient depuis mercredi sur l'avenir de cette filière entre proches de François Hollande jugeant nécessaire de poursuivre le Mox notamment pour le bon fonctionnement de l'EPR de Flamanville et écologistes (opposés au réacteur de troisième génération) estimant que le combustible "n'est absolument pas indispensable au fonctionnement de la filière".

Et malgré la mise au point des états-majors, il reste encore au conseil fédéral d'EELV à valider -ou pas- l'accord de samedi.

Ce couac est en tout cas l'illustration des désaccords profonds entre EELV et le PS, lui-même divisé sur le nucléaire. Daniel Cohn-Bendit avait déploré que le PS se soit mis au "garde à vous" sur le combustible après un coup de fil d'Areva, jugeant cela "pas très jojo" quand M. Placé dénonçait "un entourage très productiviste, pronucléaire", qui devient "extrêmement arrogant" autour de François Hollande.

Il avait prévenu dans la matinée : "s'il y a des petits amis à lui qui mettent du blanco sur des textes vus par la première secrétaire du PS et la secrétaire nationale d'EELV, ce n'est pas un bon début. Cela peut même être le début de la fin."

Mais au-delà du nucléaire, c'est aussi sur le modèle de société que socialistes et écologistes s'affrontent. Pascal Durand, porte-parole d'EELV, explique: "Le PS et François Hollande restent dans une logique de relance de la croissance et de la production. Nous, nous portons un modèle qui tend vers la sobriété, la protection des ressources et donc la sortie du nucléaire".

Nicolas Sarkozy s'est invité dans ce duel à gauche en mettant en garde jeudi contre "les dommages considérables" pour l'industrie française qu'entraînerait une réduction de la part du nucléaire dans la production d'électricité.