logo

Carlos, figure du terrorisme international, de retour aux assises

Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, comparaît à partir de lundi devant la cour d'assises spéciale de Paris, pour répondre de quatre attentats commis en France entre 1982 et 1983, qui ont fait au total onze morts.

"Seules les balles ont une signification". Telle était la devise d’Ilich Ramirez Sanchez, alias Carlos, dans les années 70-80. L’ex-ennemi public numéro un de la France, figure radicale de l’extrême gauche et terroriste international, comparaît à partir de lundi et jusqu'au 16 décembre devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Il s’agit de la première juridiction à le juger pour des actes de terrorisme, dans le cadre de quatre attentats commis sur le territoire français entre 1982 et 1983, qui ont fait onze morts et 150 blessés. Arrêté par les services secrets français au Soudan en 1994, Carlos a déjà été condamné par la justice française à la prison à perpétuité en 1997 pour le meurtre de deux policiers de la DST et leur informateur en 1975 à Paris.
Quatre attentats entre 1982 et 1983
Cette fois, il est poursuivi pour complicité de destruction par explosif ayant entraîné la mort pour l'attentat contre le train Paris-Toulouse "Le Capitole" le 29 mars 1982 (cinq morts et 28 blessés) et celui de la rue Marbeuf, à Paris, le 22 avril 1982 (un mort et 66 blessés). Enfin, il est renvoyé pour complicité d'assassinats pour les attentats de la gare Saint-Charles à Marseille (2 morts et 33 blessés) et du TGV à Tain-l'Hermitage (3 morts et 13 blessés), le 31 décembre 1983.
 

Le premier procès de Carlos

Selon l'accusation, le mobile de cette campagne orchestrée par Carlos était d'obtenir la libération de sa compagne allemande Magdalena Kopp et du Suisse Bruno Bréguet, tous deux membres de son groupe d'activistes d'extrême gauche. Mais le Vénézuélien, âgé aujourd’hui de 62 ans, ne reconnaît aucun de ces quatre attentats.
Trois autres membres présumés de ce groupe seront jugés par défaut. Le Palestinien Ali Kamal al-Assawi, 68 ans, en fuite, et les Allemands Johannes Weinrich, 64 ans, qui purge une peine pour d'autres faits en Allemagne, et Margot Fröhlich, 69 ans, que Berlin refuse de remettre à Paris.
Le "mythe" Carlos
Né à Caracas le 12 octobre 1949, fils d’un avocat vénézuélien, richissime et marxiste à la fois, il baigne dès sa jeunesse dans le monde communiste "révolutionnaire". Après une formation rapide dans une école de guérilla cubaine, puis des études à Londres, il épouse la cause palestinienne, à la fin des années 1960, lors de son passage à l'Université Patrice Lumumba, en URSS.
En 1973, il franchit le pas et rejoint les rangs du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP) en Jordanie, mouvement radical qui rassemble des activistes allemands et orientaux notamment. Il doit sa renommée de terroriste international à la spectaculaire prise d’otages des ministres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), à Vienne en 1975. Sa photo, cheveux longs, barbe et béret à la "Che Guevara", fait la "une" des journaux du monde entier. Pour certains milieux de l’extrême gauche, il devient un mythe. À la fin des années 1970, il créé son propre groupe et vend ses "services" au plus offrant.
 

Le "mythe" Carlos

La chute
Connu pour ses liens avec la Libye de Kadhafi, la Syrie des Assad, l'Irak de Saddam Hussein, la Stasi est-allemande et le régime roumain de Ceausescu, il est accusé de plusieurs attentats sur le sol européen tandis que toutes les polices occidentales le traquent.
Après la chute des régimes communistes européens, il se réfugie dans le monde arabe. Hébergé par le pouvoir syrien, il est finalement jugé indésirable par le régime qui se rapproche, au début des années 90, des Occidentaux, Carlos se cache alors au Soudan jusqu’à son arrestation.
S’il écope de la peine maximale à l’issue de ce nouveau procès -la perpétuité avec une peine de sûreté de 22 ans-, l'échéance pour une demande de libération conditionnelle pourrait être repoussée de 2012 à 2016 au minimum.
Le symbole du terrorisme des années 70-80 n’en aura pas pour autant fini avec la justice. Celui qui fût surnommé "le Chacal" par la presse britannique devra à nouveau faire face aux juges, dans une dernière affaire où il est mis en examen, un attentat à la grenade qui avait fait deux morts et 34 blessés en 1974 au Drugstore Saint-Germain à Paris.

La police française aux trousses