Le Premier ministre grec, qui a arraché le vote de confiance du Parlement samedi avec le soutien de 153 députés, va débuter une difficile quête de partenaires en vue de former un gouvernement de coalition, qu'il s'est proposé de ne pas diriger.
REUTERS - Des négociations vont rapidement débuter en Grèce en vue de former un gouvernement de coalition chargé d'adopter des mesures d'austérité nécessaires à l'obtention d'une aide financière pour éviter au pays la faillite, a déclaré samedi George Papandréou.
Quelques heures après avoir obtenu d'un cheveu un vote de confiance au Parlement, le Premier ministre socialiste a rencontré en milieu de journée le président Karolos Papoulias. Il lui a déclaré qu'un consensus politique était essentiel pour prouver la détermination de la Grèce à rester au sein de la zone euro.
"Afin de créer cette coopération élargie, nous allons entamer prochainement les procédures et les contacts", a déclaré George Papandréou à la presse à sa sortie du palais présidentiel.
Il a jugé que la Grèce devait à tout prix éviter à court terme des élections législatives anticipées qu'aurait précipitées la chute de son gouvernement en cas d'échec lors du vote de confiance.
"Mon objectif est de mettre immédiatement sur pied un gouvernement de coalition. Une absence de consensus effraierait nos partenaires européens quant à notre présence dans la zone euro", a-t-il dit avant d'entamer son tête-à-tête avec le chef de l'Etat.
Les dirigeants européens veulent éviter que la crise de la dette en Grèce se propage dans la zone euro, en particulier à l'Italie, troisième économie du bloc.
La confiance accordée par le Parlement ne devrait offrir qu'un sursis à George Papandréou, qui semble condamné après la consternation provoquée jusque dans ses propres rangs par sa proposition de référendum sur le plan d'aide européen à la Grèce conclu le 27 octobre.
De sources politiques impliquées dans la recherche d'une coalition gouvernementale, les négociations sont conduites par le ministre des Finances, Evangelos Venizelos, qui avait été battu par George Papandréou en 2004 pour la direction du Pasok.
Evangelos Venizelos a lui-même officiellement annoncé l'abandon du projet de référendum, qui avait été accueilli avec colère par les autres dirigeants de la zone euro. Il a également proposé à George Papandréou de lui offrir une sortie honorable en lui évitant un vote négatif au Parlement en échange d'une promesse de démission, a-t-on dit de sources gouvernementales.
Des élections annoncées en février ?
Sans avancer de date quant à son éventuel départ, George Papandréou a lui-même laissé entendre vendredi qu'il ne dirigerait pas le prochain gouvernement de coalition.
"Mon poste est la dernière chose dont je me soucie. Peu importe même que je ne sois pas réélu. (...) Je n'ai jamais conçu la politique comme une profession", a dit le Premier ministre avant le vote de la Voula, le Parlement monocaméral grec.
La presse grecque considère que le vote de confiance obtenu par George Papandréou n'est rien d'autre que le signe d'un accord sur sa mise à l'écart. "Un nouveau gouvernement maintenant!", réclame ainsi le quotidien Ta Nea.
La future coalition ne devrait pas comprendre les conservateurs de Nouvelle Démocratie, le principal parti d'opposition, dont l'offre de gouvernement d'union nationale n'a pas été retenue par le Pasok.
De sources politiques, Evangelos Venizelos aurait obtenu l'appui des dirigeants de plusieurs petits partis pour une future coalition. Les chefs du parti d'extrême-droite LAOS et d'un formation de centre-droit ont laissé entendre qu'ils soutiendraient une coalition dirigée par l'actuel ministre des Finances.
Ce dernier a déclaré aux députés que le prochain gouvernement dirigerait le pays jusqu'en février puis proposerait la tenue d'élections législatives anticipées.
Après deux ans de cure d'austérité drastique imposée par les dirigeants européens en échange d'un soutien financier, les Grecs, exténués et désabusés, auraient probablement rejeté les conditions du nouveau plan d'aide en cas de référendum, pensent les observateurs.
Si la Grèce n'obtient pas rapidement une nouvelle aide, elle risque la faillite en décembre.
Une telle perspective inquiète les dirigeants de la zone euro, soucieux d'éviter un effet domino sur d'autres pays fragilisés sur les marchés financiers tels que l'Espagne et surtout l'Italie.