
Bénéficiant de l'asile journalistique dans les colonnes de "Libération", les dessinateurs de "Charlie Hebdo" s'en sont donné à cœur joie dans l'édition de ce jeudi, en commentant avec humour l'incendie criminel de leurs locaux.
AFP - Les dessinateurs de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo commentent avec humour et mordant, dans les pages du quotidien Libération à paraître jeudi, l'incendie dont leur journal a été victime.
"Après la Grèce, sauver +Charlie+", titre en Une le quotidien, avec un dessin, signé Catherine, montrant Nicolas Sarkozy visiblement stressé qui s'écrie "quinquennat de merde" devant un Charlie Hebdo qui brûle.
Libération, qui accueille temporairement l'équipe de Charlie Hebdo, est renommé pour l'occasion "Libération - Charlie Hebdo", avec le nom de Charlie Hebdo qui apparaît derrière celui du quotidien.
En pages 2 et 3, une série de dessins, 16 au total, signés des figures de Charlie Hebdo : Cabu, Luz, Tignous, Riss, Jul, Coco, Willem, Catherine ou Honoré.
Différents registres d'humour y figurent, avec une bonne dose d'autodérision. "J'ai encore un gag désopilant", dit notamment un journaliste de Charlie Hebdo dans un dessin de Willem, entouré de militaires armés jusqu'aux dents, dont l'un s'écrie "J'en avais peur..."
"Charlie Hebdo a déménagé dans le 20e arrondissement. La crémaillère a mal tourné", commente un autre dessin de Tignous, montrant un journaliste devant du matériel détruit.
"Journal incendié: en pleines vacances scolaires? Ces gens-là n'ont rien de sacré !" commente un personnage d'un dessin de Jul, tandis qu'un autre affirme "La France inquiète : Charlie va perdre son triple A".
"Le vrai visage de Mahomet?", s'interroge, sur un autre ton, un dessin de Coco montrant un dragon crachant du feu.
Plusieurs dessins évoquent aussi le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, qui s'est rendu mercredi sur les lieux de l'incendie. L'un d'eux montre le prophète Mahomet, qui déclare: "J'ai réussi à faire venir Guéant à Charlie. Même Val (ancien directeur de la rédaction et de la publication du journal, ndlr) ne l'avait pas fait".
En page 4, une reproduction de la Une du Charlie Hebdo de mercredi, rebaptisé "Charia Hebdo", avec Mahomet en couverture, accompagne un édito de Nicolas Demorand, directeur de la rédaction de Libération. "Il n’était pas question que l’hebdomadaire satirique soit absent des kiosques la semaine prochaine", souligne-t-il notamment, jugeant que le symbole aurait été "sinistre".
Nicolas Demorand avait proposé à l'équipe de Charlie Hebdo de "venir bénéficier de l'asile journalistique dans les colonnes" du journal à paraître jeudi.