Le procès du désormais célèbre journaliste irakien Mountazer al-Zaïdi, qui avait lancé ses chaussures sur l'ex-président américain George W. Bush, a été ajourné au 12 mars par le président de la Cour criminelle centrale.
AFP - Le procès du journaliste irakien le plus célébre au monde pour avoir lancé sa paire de chaussures sur l'ancien président américain George W. Bush en visite à Bagdad a été ajourné jeudi au 12 mars, a annoncé le président de la Cour criminelle centrale.
"Nous avons decidé de prendre contact avec le cabinet du Premier ministre pour connaître la nature de la visite de l'ex-président américain afin de savoir s'il s'agissait d'une visite officielle ou non. C'est pourquoi nous reportons l'audience au 12 mars", a déclaré Abdel Amir Hassan al Rubaie.
Cette decision a été prise par le juge à la suite d'un échange de propos avec l'accusé, Mountazer al-Zaïdi, sur la nature de la visite du président américain de l'époque, le 14 décembre 2008.
"Cette visite n'était pas officielle car sinon elle aurait du être annoncée auparavant", a affirmé le journaliste. Pour clôre ce débat, le juge a demandé des clarifications au cabinet du chef du gouvernement, Nouri al-Maliki.
Vêtu d'une veste kaki et d'une chemise noire et d'un drapeau irakien autour du cou, le journaliste de la chaîne de télévision al-Baghdadiya s'est exprimé la voix posée.
A son entrée, les membres de sa famille présents dans la salle d'audience l'ont applaudi et des femmes ont lancé des youyous de joie et crié des slogans à la mémoire de l'imam Ali, le personnage le plus important de la religion musulmane chiite.
Le juge lui a demandé son nom, adresse et profession.
Puis l'avocat de M. Zaidi, Me Dhiaa al-Saadi, qui dirige l'équipe de défense composée de 25 avocats, a pris la parole: "Il y a des raisons psychologiques, sociales et politiques à son geste. Il voulait exprimer exprimer son refus de l'occupation", a-t-il declaré.
Il a demandé que "des experts soient convoqués pour expliquer les motivations de Mountazer al-Zaïdi".
La cour avait ensuite levé la séance pour se prononcer sur cette requête.
La Cour criminelle centrale est compétente pour les affaires de terrorisme et est située à la lisière de la "zone verte", le secteur ultra-protégé de la capitale irakienne.
Le 14 décembre, en pleine conférence de presse de M. Bush et du Premier ministre Maliki, Mountazer al-Zaïdi s'était levé et avait crié au président américain qui effectuait une dernière viste en Irak avant son départ de la Maison Blanche: "c'est le baiser de l'adieu, espèce de chien", avant de lui lancer ses chaussures.
M. Bush les avait esquivées et des journalistes irakiens avaient maîtrisé leur collègue jusqu'à l'intervention des services de sécurité.
Selon l'article 223 du code pénal irakien, ce geste pourrait lui coûter de 5 à 15 ans de prison si le qualificatif "d'agression caractérisée" est retenu.
Mais le tribunal peut estimer qu'il s'agit seulement d'une "tentative d'agression", punie d'un à cinq ans de prison.
Le geste avait symbolisé l'opposition à l'intervention américaine en Irak de 2003 et provoqué de nombreuses manifestations de solidarité dans le monde arabe.
Certains Irakiens ont cependant critiqué ce qu'ils considèrent comme une violation des règles de l'hospitalité.