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Montebourg envisage la possibilité de ne pas donner de consigne de vote

Arnaud Montebourg, arrivé en troisième position de la primaire socialiste, a évoqué lundi soir l'éventualité de ne pas donner de consigne de vote pour le second tour. Le chantre de la démondialisation prendra position après le débat de mercredi.

AFP - Arnaud Montebourg, en position d'arbitre de la finale de la primaire socialiste, a renvoyé dos à dos lundi François Hollande et Martine Aubry, "les deux faces d'une même pièce", et n'a pas exclu de ne donner aucune consigne de vote pour dimanche.

Au lendemain d'un premier tour réussi, avec plus de 2,5 millions de votants, tous les regards étaient tournés vers le député de Saône-et-Loire, le troisième homme que les sondages ont failli à cerner et qui a recueilli plus de 420.000 voix (17,16%), selon un dernier décompte encore partiel.

Interrogé au 20H de France 2, Arnaud Montebourg, chantre de la "démondialisation", a confirmé qu'il allait écrire aux deux finalistes pour leur demander des engagements sur plusieurs points de son programme.

Pour "obtenir un geste de ma part et de celle de mes amis (...) il faudra certainement qu'ils renoncent à un certain nombre des recettes gestionnaires du passé, qu'ils ont défendues dans leur campagne", a-t-il affirmé en disant ne pas voir de différences entre les projets Hollande et Aubry.

"Naturellement je prendrai une position (...) au vu du débat qui se tiendra mercredi soir et des réponses que les deux candidats impétrants auront faites à cette lettre", a-t-il ajouté.

Il a jugé "tout à fait possible" de ne donner aucune consigne de vote. "C'est une hypothèse que je n'écarte pas".

Une posture aussitôt déplorée par Benoît Hamon, représentant de l'aile gauche du parti et soutien de Martine Aubry, qui a affirmé que cette dernière était la plus à même d'incarner les idées du député de Saône-et-Loire.

Avant de lire la lettre promise par Arnaud Montebourg, François Hollande a voulu donner des gages à ses électeurs lundi soir, affirmant entendre leurs "préoccupations". "D'abord ils ont voulu dire quelque chose sur la régulation insuffisante de la mondialisation, sur la place de la finance, sur un certain nombre de dérives dans la République. J'entends déjà ça", a-t-il dit sur France 3 le député de Corrèze, arrivé en tête du premier tour (38,91% contre 30,47% à Martine Aubry, résultats de 91% des bureaux de vote).

Plus tôt dans la journée, le premier secrétaire du PS par intérim, Harlem Désir, avait confirmé le succès populaire de la primaire ouverte à tous les sympathisants de gauche, processus inédit en France, qui a attiré "plus de 2,5 millions de votants", suscitant une "grande fierté" au PS. Pour le second tour, il a appelé les Français à "amplifier le formidable succès" qui, selon lui, "fait vaciller la droite".

Sans surprise, après celui de Manuel Valls dès dimanche soir, François Hollande a enregistré lundi le ralliement de Jean-Michel Baylet et de son Parti radical de gauche.

Reste à savoir ce que décidera Ségolène Royal, 4e et grande perdante du premier tour. Elle se déterminera "dans les 48 heures", selon son entourage.

Après les larmes de l'ex-candidate à la présidentielle de 2007, les hommages des dirigeants socialistes se sont multipliés. "C'est une femme qui continuera à compter", a dit Martine Aubry au JT de TF1 saluant "l'importance" de ses idées.

L'UMP, après avoir minimisé la mobilisation à cette consultation - à titre de comparaison, la première primaire organisée par la gauche en Italie en 2005 avait rassemblé plus de 4 millions de votants - a concentré lundi ses attaques sur Arnaud Montebourg, "faiseur de roi" au programme très à gauche.

Jean-François Copé, numéro un du parti, a fustigé la "démondialisation", chère au député de Saône-et-Loire, un "concept fou" qui "fait hurler de rire le monde entier". "Décréter que la France sera une île, je ne connais qu'une seule personne qui dit être proche de cette idée, c'est Marine Le Pen (...) Il y a une proximité idéologique un peu troublante".

Réaction de Mme Le Pen : "Jean-François Copé se ridiculise en persistant dans son attitude de mauvais joueur face au succès des primaires socialistes".

En fin d'après-midi François Fillon a voulu mettre au défi M. Hollande et Mme Aubry: "Nous verrons cette semaine si ceux qui se réclament de la sociale-démocratie ont le cran de tenir leur ligne, ou s'ils sont prêts à céder aux surenchères de l'aile gauche".