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À Boulogne-Billancourt, fief de l'UMP, "les gens se déplacent en nombre, c’est bon signe."

À Boulogne-Billancourt (92), ville votant traditionnellement à droite, le premier tour de la primaire socialiste n'a pas laissé les habitants indifférents, au vu de l'affluence dans l'un des bureaux de vote de la ville. Reportage.

"Je ne vote pas dans ce bureau, mais je vais où alors ?", "Auriez-vous la monnaie sur 5 euros ?" En cette première journée de vote pour la primaire socialiste, les questions ne manquent pas. Au deuxième étage de la Maison du Combattant et du Soldat de Boulogne-Billancourt (92) où a été installé l’un des huit bureaux de vote de la ville, le premier tour n’est pas de tout repos. Certains électeurs n'ont pas d’argent pour régler les 1 euro de participation obligatoire, d'autres ne sont pas inscrits sur les listes ou ont oublié leur carte d’identité... À chacun sa malchance électorale.

"Oui bien sûr, il y a quelques problèmes. Malgré notre plan de communication, il y a toujours des oreilles distraites", reconnaît Vincent Guibert, l’un des assesseurs du bureau de vote alors qu’un électeur quitte la salle, visiblement agacé de s’être trompé de bureau. "Mais dans l’ensemble, tout se passe plutôt bien", ajoute-t-il . "Et puis, il y a une affluence continue depuis 9h ce matin."

"Je t’ai dit Montebourg !"

La petite salle boulonnaise ne reste en effet jamais vide. La pluie et le froid n’ont pas entaché la motivation des électeurs concernés, venus nombreux pour élire leur candidat à la prochaine élection présidentielle. À 92 ans, Evelyne, trempée de la tête aux pieds, n’a pas hésité à braver la météo pour venir soutenir la maire de Lille. "J’ai voté Martine Aubry", confie-t-elle à demi-mot, au bras de son mari. "Mais surtout, j’ai voté pour mettre toutes les chances du côté de la gauche pour éliminer Sarkozy", lâche-t-elle en riant. "Celui-là, vraiment, je n’en peux plus."

Autour d’elle, les gens sourient, se saluent, se reconnaissent. L’ambiance est bon enfant. Beaucoup confient avoir voté pour la candidate lilloise. "C’est elle qui porte le mieux les valeurs de la gauche. Hollande n’a pas besoin de ma voix, il a déjà toutes celles des centristes", explique Andréa, une étudiante. Devant elle, un groupe d’amis vivant dans le même quartier est venu voter. Bien que tous ces trentenaires se disent "gauchistes de la première heure", leurs avis diffèrent sur le choix du candidat. Et même au seuil de l’isoloir, certains tentent encore de convaincre les autres. "Montebourg ou Aubry ? Aubry ou Montebourg ?", hésite à haute voix Jules. "Je t’ai dit Montebourg !", lui rétorque une amie un brin moqueuse, malgré les rappels à l’ordre des assesseurs qui insistent à plusieurs reprises sur le "secret du bulletin."

"Je vais voter raisonnable, encore une fois !"

Derrière eux, Anne, une Boulonnaise d’une soixantaine d’années, est moins enthousiaste. "Je vais voter raisonnable, encore une fois !", confie-t-elle, un peu blasée. "Je vais voter François Hollande pour qu’il se détache clairement du lot et qu’il soit crédible face à la droite", explique-t-elle "mais mon cœur me disait de voter Montebourg", ajoute-t-elle avant de renfiler sa casquette pour affronter la pluie.

À 13h, la présidente du bureau de la Maison du Combattant, Delphine Lancrenon, annonce les premiers chiffres de participation de son bureau. Sur les 7 300 inscrits sur les listes électorales, 216 sont déjà venus voter. "C’est plutôt bien", lâche un de ses adjoint assis à ses côtés. "Apparemment, la mobilisation est une vraie réussite", renchérit-il. Et pour cause, à 16h, la barre du million de votants a été franchie au niveau national, selon la direction du Parti socialiste. En ligne avec les autres assesseurs des bureaux boulonnais, Vincent Guibert confirme la forte mobilisation. "Les gens se déplacent en nombre, c’est bon signe."

"Les militants UMP, on les connaît, ils n’osent pas se montrer"

Dans cette ville pourtant acquise à la majorité présidentielle, aucun incident n’est à déplorer. "Vous n’avez pas vu des militants de droite ?", demande l'un des votants à un assesseur. "Non, pas vraiment", lui répond-on laconiquement. Pour Vincent Guibert, le vote UMP est, de toute façon, un risque mineur. "On les connaît, ils n’osent pas se montrer", explique-t-il.

En attendant la fermeture du bureau à 19h, Vincent Guibert et Delphine Lancrenon ont prévu de passer "le plus clair de la journée" à suivre la mobilisation via leurs téléphones portables. "Nous sommes en relation constante avec nos collègues des autres bureaux, pour suivre en quasi-direct le déroulement de cette première journée, mais je suis sûr que tout va se dérouler à merveille et que ce scrutin sera un succès", pronostique Vincent Guibert. Pas d’inquiétude non plus du côté du dépouillement. "Une suspicion de fraude serait une catastrophe pour notre image", explique-t-il avant de conclure : "Personne ne prendrait le risque de frauder. Enfin je l’espère. Un bourrage d’urnes signerait clairement notre défaite en 2012."