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Un chef de l'opposition kurde et membre du Conseil national syrien, Mechaal Tamo, a été assassiné vendredi par des inconnus à son domicile de Qamichli (nord-est). Il avait récemment été libéré après trois ans et demi de prison.

AFP - Un chef de l'opposition kurde, Mechaal Tamo, a été assassiné vendredi en Syrie, théâtre de nouvelles manifestations antirégime réprimées dans le sang, au moment où la Russie envisageait pour la première fois un départ du président Bachar al-Assad.

A Damas, l'opposant et ancien député syrien Riad Seif a été hospitalisé après avoir été roué de coups par des agents de sécurité devant la Mosquée al-Hassan, dans le quartier Midane, ont dénoncé les comités de coordination locaux (LCC), mouvement qui chapeaute les manifestants sur le terrain.

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Un chef de l'opposition kurde assassiné vendredi
Un opposant kurde, membre du Conseil national syrien, assassiné

Les Etats-Unis et l'opposition syrienne ont dénoncé l'assassinat et l'attaque comme une "escalade" dans la répression menée par le régime de Bachar al-Assad, qui a encore coûté la vie vendredi à 16 personnes.

Paris a condamné "les violences brutales" en Syrie et la Maison Blanche a appelé le président syrien à quitter le pouvoir "maintenant", évoquant une situation "très dangereuse".

Mechaal Tamo, 53 ans, membre du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a été assassiné par des inconnus à son domicile dans la ville de Qamichli (nord-est), selon des militants.

"Quatre hommes armés et masqués se sont introduits dans sa maison et ont tiré sur lui et son fils Marcel et une collègue", qui ont tous deux été blessés, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'agence officielle syrienne Sana a affirmé que le responsable kurde avait été tué par des "hommes armés à bord d'une voiture noire qui ont tiré sur son véhicule".

A l'annonce de ce décès, des milliers de manifestants kurdes sont descendus dans la rue.

Fondateur du Courant du Futur, un parti kurde libéral, Mechaal Tamo avait récemment été libéré après trois ans et demi de prison. Il avait rejeté une proposition de dialogue présentée aux partis kurdes par les autorités.

"C'est à l'évidence une escalade dans la tactique du régime", a commenté le département d'Etat américain après les attaques contre les opposants.

Pour la porte-parole du Conseil national syrien, Bassma Kodmani, le régime a "franchi une nouvelle étape dans la stratégie de répression. Tous les leaders de l'opposition doivent se protéger". La moitié des membres du CNS vivent en Syrie, les autres étant éparpillés aux Etats-Unis, en Europe et en Turquie.

Créé fin août à Istanbul, le CNS qui s'efforce de structurer la contestation contre le régime, réunit la majorité des courants politiques opposés au régime, en particulier les LCC, les libéraux, les Frères musulmans et des partis kurdes.

Il doit en principe se réunir samedi au Caire pour se doter d'une direction.

A l'appel des militants pro-démocratie, des milliers de personnes ont défilé en Syrie sous le slogan "le CNS est notre représentant, le mien, le tien et celui de tous les Syriens".

Mais, comme chaque vendredi, les forces de sécurité massivement déployées ont ouvert le feu sur les manifestants, tuant 16 civils: trois à Douma et un à Zabadani, deux villes proches de Damas, un dans la région de Jisr al-Choughour (nord-ouest), et 11 à Homs (centre), selon l'OSDH.

A Homs, des manifestants ont appelé à la chute du régime en brandissant des chaussures devant des photographies du président syrien, dont le visage était barré d'une croix, selon une vidéo diffusée sur YouTube.

A Deraa (sud), des milliers de personnes ont piétiné des drapeaux géants de la Russie et de la Chine, qui ont opposé mardi leur veto à un projet de résolution occidental au Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression.

Mais le président russe Dmitri Medvedev, dont le pays est un proche allié de Damas à qui Moscou fournit de l'armement, a envisagé pour la première fois le départ de M. Assad, même si Moscou maintient son opposition à toute ingérence dictée par les Occidentaux.

"Nous travaillons activement avec les dirigeants syriens pour qu'ils procèdent aux réformes indispensables. S'ils ne sont pas capables de mener ces réformes, ils doivent partir", a-t-il dit. "Mais c'est au peuple et au régime syrien de décider cela, et non pas à l'Otan ou à certains pays européens".

Alors que la répression a fait plus de 2.900 morts dont au moins 187 enfants selon l'ONU, la Syrie a été la cible à Genève de nombreuses critiques devant le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, le régime Assad restant inflexible aux protestations et aux sanctions depuis le début de la révolte le 15 mars.

Plusieurs pays occidentaux, ainsi que le Brésil, ont demandé à Damas d'autoriser l'entrée sans entrave de la commission d'enquête internationale indépendante chargée d'enquêter sur les violations des droits de l'Homme.