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Un nouveau gouvernement nippon dépourvu de ténors du parti

Le nouveau Premier ministre Yoshihiko Noda, nommé mardi, a présenté vendredi son gouvernement. Il crée la surprise en se passant de ténors du parti et en privilégiant des ministres plus jeunes aux ministères des Affaires étrangères et des Finances.

AFP - Le Premier ministre japonais, Yoshihiko Noda, a nommé vendredi des quadragénaires à plusieurs postes clés d'un gouvernement dépourvu de poids lourds du parti au pouvoir, pour relever un pays traumatisé par un tsunami, en proie à un accident nucléaire et englué dans la récession.

Nommé chef du gouvernement mardi pour succéder à l'impopulaire Naoto Kan, issu comme lui du Parti Démocrate du Japon (PDJ), M. Noda a créé la surprise en se passant de ténors du mouvement de centre-gauche, comme les anciens chefs de la diplomatie Seiji Maehara et Katsuya Okada.

Les deux tiers de son équipe de 18 membres, dont deux femmes, sont nouveaux.

M. Noda, qui a aussi redistribué les responsabilités au sein du PDJ, s'est employé à ménager les susceptibilités, notamment vis-à-vis des partisans du puissant vétéran Ichiro Ozawa, dont les relations exécrables avec Naoto Kan avaient nui à l'efficicacité de l'équipe précédente.

Se présentant comme un homme ordinaire afin de reconquérir les Japonais lassés des joutes politiciennes, M. Noda a rapidement constitué son équipe qui doit prêter serment devant l'Empereur dans la journée. Il doit expliquer ses choix lors d'une conférence de presse en fin de journée.

La tâche du gouvernement s'annonce rude, six mois après le séisme et le tsunami qui ont fait plus de 20.000 morts et disparus dans le nord-est le 11 mars et entraîné à Fukushima le plus grave accident nucléaire depuis Tchernobyl (Ukraine) en 1986.

Partisan de la rigueur budgétaire, M. Noda souhaite lancer une réforme fiscale pour financer la reconstruction et contenir les déficits du pays, dont la dette représente deux fois le produit intérieur brut.

L'équipe au pouvoir devra aussi sortir la troisième puissance économique mondiale de la récession et définir la nouvelle politique énergétique d'un pays aujourd'hui privé de 80% de sa production d'électricité nucléaire.

Le Premier ministre a confié le portefeuille stratégique des Finances à Jun Azumi, 49 ans, un parlementaire qui n'a jamais été membre d'aucun gouvernement, originaire de la préfecture de Miyagi (nord-est), la plus dévastée par le désastre.

Il a placé un autre homme sans expérience gouvernementale, Yoshio Hachiro, 63 ans, à la tête du puissant ministère de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie (Meti).

M. Noda a de plus renforcé les prérogatives de Goshi Hosono, 40 ans, ministre chargé de gérer la crise nucléaire dans le précédent gouvernement, qui se voit confier en outre le portefeuille de l'Environnement.

Au coeur de la cellule de crise constituée au début de l'accident de Fukushima, M. Hosono a bataillé aux côtés de l'exploitant de la centrale nucléaire, Tepco, pour éviter que la situation ne dégénère davantage.

Dans un monde politique nippon réputé pour ses dirigeants d'âge canonique, un autre quadragénaire, Koichiro Gemba, 47 ans, va diriger la diplomatie, mise à l'épreuve en fin d'année dernière par des crises liées à des différends territoriaux avec la Chine et la Russie.

Le portefeuille de la Défense a été confié à Yasuo Ichikawa, un sénateur de 69 ans, qui a participé à des commissions parlementaires sur les îles Kouriles du Sud, réclamées par Tokyo à Moscou, et la lutte antiterroriste.

M. Noda s'est par ailleurs associé les services d'Osamu Fujimura, 61 ans, pour le poste stratégique de secrétaire général et porte-parole du gouvernement. Proche de M. Noda, M. Fujimura est un partisan d'une reprise du pouvoir par les politiques face à une bureaucratie jugée omnipotente.

L'ancien Premier ministre Naoto Kan a jeté l'éponge la semaine dernière en raison de vives critiques suscitées par sa gestion de la triple catastrophe du 11 mars.

Devenu le sixième Premier ministre du Japon en cinq ans, son successeur a promis de rétablir l'unité du PDJ fissurée par l'exercice du pouvoir et de tendre la main à l'opposition conservatrice.