Les forces hostiles au clan Kadhafi affirment contrôler désormais 95% du territoire libyen. Depuis la prise de son quartier général de Bab al-Aziziya à Tripoli, nul n'est en mesure de dire où se trouve le colonel Kadhafi.
REUTERS - Le Conseil national de transition (CNT) formé à Benghazi par les rebelles libyens a promis mercredi une récompense de 1,3 million de dollars et une amnistie à quiconque lui livrerait Mouammar Kadhafi mort ou vif.
Les insurgés, qui disent contrôler désormais 95% du territoire libyen, traquent le "guide" qui a dirigé le pays pendant 42 ans et dont le quartier général de Tripoli, la caserne Bab al Aziziah, a été pris d'assaut et pillé.
Des combats se déroulaient cependant mercredi dans certains quartiers de la capitale.
Face à l'effondrement du régime de Kadhafi, la France et le Royaume-Uni ont décidé d'organiser le 1er septembre à Paris une conférence internationale sur l'avenir de la Libye, a annoncé le président français Nicolas Sarkozy, qui venait de recevoir Mahmoud Djibril, Premier ministre du CNT.
La France, a-t-il ajouté, est prête à poursuivre ses opérations militaires contre les forces militaires de Mouammar Kadhafi aussi longtemps que le CNT le jugera nécessaire.
Dans un message sonore relayé par la chaîne de télévision loyaliste Al Orouba, le "guide" libyen a promis pour sa part de continuer à se battre jusqu'à la mort. Sa fille unique Aïcha a appelé tous les Libyens à s'unir contre l'Otan.
Malgré la chute de Bab al Aziziah, la victoire des rebelles n'est pas totale.
Kadhafi promet de se battre jusqu'à la mort
Mouammar Kadhafi reste introuvable et a présenté son départ de son QG comme un repli tactique, jurant de se battre s'il le faut jusqu'à la mort.
Certains rebelles le croient toujours à Tripoli, d'autres se demandent s'il n'a pas gagné sa ville natale de Syrte, à 450 km à l'est de la capitale, dont les insurgés se rapprochent.
Mouammar Kadhafi a envoyé un message aux habitants de Syrte les appelant à se battre jusqu'à la mort, a dit à Reuters Hassan Droy, représentant du CNT, mais les rebelles vont tenter de négocier une reddition à leur arrivée dans les faubourgs de cette ville de 100.000 habitants.
Les rebelles se rapprochent de Syrte en provenance de Misrata, plus à l'est, et de Ras Lanouf, plus à l'ouest.
Selon la chaîne de télévision Al Arabia, les rebelles ont pris mercredi le contrôle d'une importante base de l'armée gouvernementale à Zouara, à une centaine de kilomètres à l'ouest de Tripoli. La base de Mazrak al Chams est tombée entre leurs mains alors que les insurgés ont toujours affaire à des poches de résistance dans la capitale.
Près de Zaouïah, à 50 km à l'ouest de Tripoli, quatre journalistes italiens ont été enlevés mercredi matin, a annoncé le ministère des Affaires étrangères à Rome. Ces journalistes travaillent pour le Corriere della Sera, La Stampa et Avvenire.
D'après Abdel Salam Djalloud, ex-bras droit du dirigeant libyen rallié à la rébellion, Kadhafi est convaincu qu'il pourra retrouver le pouvoir lorsque la campagne de bombardement de l'Otan cessera. "Kadhafi se fait des illusions parce qu'il pense pouvoir disparaître quelque part en en Libye et rassembler ses partisans quand l'Otan partira", dit-il dans un entretien accordé à la chaîne de télévision qatarie Al Djazira.
Interviewé par la chaîne britannique Channel 4 News, le ministre libyen des Affaires étrangères, Abdelati Obeïdi, a jugé pour sa part que la guerre civile était "pratiquement terminée". "C'est mon sentiment et si cela dépendait de moi je leur dirais (aux soldats gouvernementaux) de déposer les armes", a-t-il dit.
Sur Al Arabia, le numéro deux des services de renseignement de Kadhafi, le général Khalifah Mohammed Ali, a annoncé son ralliement aux rebelles et "à la révolution du 17-Février".
Mercredi en millieu de journée, les forces loyalistes ont bombardé plusieurs secteurs du centre de Tripoli, dont la caserne Bab al Aziziah.
Un journaliste français blessé à Tripoli
Des combats ont également eu lieu près de l'hôtel Rixos, d'où les journalistes étrangers, qui étaient bloqués depuis cinq jours par les hommes de Kadhafi, ont finalement pu sortir en fin d'après-midi.
Un journaliste de France 2 a été blessé par balles dans le secteur de la caserne Bab al Aziziah. L'état de Bruno Girodon "n'inspire plus d'inquiétude et il va être rapatrié sous peu", a précisé la chaîne française.
D'après les insurgés, les combats pour le contrôle de Tripoli ont fait plus de 400 morts et au moins 2.200 blessés.
Mouammar Kadhafi est capable de résister pendant des années face aux insurgés, a déclaré Moussa Ibrahim, l'un de ses porte-parole. "Nous allons transformer la Libye en un volcan de lave et de flammes sous les pieds des envahisseurs et de leurs perfides agents", a-t-il dit , s'exprimant par téléphone sur les chaînes de télévision Al Orouba et Al Rai.
Moussa Ibrahim a affirmé que les dirigeants de l'insurrection ne connaîtraient aucun répit s'ils quittaient leur fief de Benghazi, dans l'est de la Libye, pour s'installer à Tripoli, comme ils en ont exprimé l'intention.
Les représentants des rebelles multiplient les rendez-vous diplomatiques. Mercredi, ils se sont entretenus au Qatar avec des émissaires venus des Etats-Unis, de Grande-Bretagne, de France, de Turquie et des Emirats arabes unis. Une autre réunion est prévue jeudi à Istanbul.
Le Burkina Fasso a reconnu mercredi le CNT et offert l'asile à Mouammar Kadhafi, si celui-ci se décide à quitter la Libye.
Aux Nations unies, la France et plusieurs de ses alliés travaillent à une nouvelle résolution sur la Libye pour permettre la levée de sanctions prises contre le régime Kadhafi et assurer le dégel d'avoirs libyens.