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Au moins 2 200 personnes ont été tuées depuis le début du soulèvement en Syrie, selon le Haut Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme Navi Pillay. Le Conseil, réuni en session extraordinaire, a dénoncé ce lundi la poursuite de la répression.
AFP - Le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU a dénoncé lundi pendant une session extraordinaire la poursuite des répressions en Syrie qui auraient désormais fait plus de 2.200 morts et accentue la pression sur Damas pour la mise en place d'une commission indépendante.
Les violations des droits de l'homme "continuent à ce jour en Syrie", a déclaré lundi à l'ouverture de la session le Haut Commissaire des Nations unies aux droits de l'Homme, Mme Navi Pillay, faisant état de 2.200 personnes tuées depuis le début de la crise en mars dernier, dont 350 personnes depuis le début du ramadan.
"Les forces de sécurité continuent notamment d'user d'une force excessive, et utilisent l'artillerie lourde" contre les manifestants, a-t-elle déploré.
Mme Pillay a répété que "l'étendue et la nature de ces actes peuvent relever de crimes contre l'humanité".
La session a été convoquée à la demande de 24 pays membres, dont les quatre pays arabes du Conseil - Arabie saoudite, Jordanie, Qatar et Koweït.
Elle doit voter sur un projet de résolution appelant les autorités syriennes à "cesser immédiatement tous les actes de violence contre la population".
Le texte demande également "l'envoi urgent d'une commission d'enquête indépendante" sur place pour "mener des investigations sur les violations des droits de l'homme en Syrie depuis le mois de mars" et en "identifier les auteurs pour s'assurer" qu'ils répondent de leurs actes.
Cette commission devrait remettre son rapport avant la fin novembre et transmettre ses conclusions au secrétaire général de l'ONU ainsi qu'aux organismes compétents.
Le représentant de la Syrie, Faysal Khabbaz Hamoui, a estimé que "le langage utilisé dans le projet de résolution était odieux" et que son vote "ne ferait que prolonger la crise en Syrie".
Pour sa part, le rapporteur spécial de l'ONU contre la torture, Juan Méndez, intervenant par vidéo, a estimé que la communauté internationale avait "le devoir de ne pas permettre ces violations" et d'"évaluer si certaines de ces violations pourraient constituer des crimes contre l'humanité".
Dans un rapport publié jeudi, une mission d'experts mandatée par le Haut commissariat aux droits de l’Homme a dressé un inventaire d'atrocités commises par les forces de sécurité syriennes pouvant "relever de crimes contre l'humanité" et passibles d'une saisine de la Cour pénale internationale (CPI).
Empêchée d'entrer en Syrie, la mission s'est rendue dans les pays voisins, sauf le Liban, et a recueilli des témoignages parmi les milliers de Syriens qui ont fui leur pays.
Le rapport fait notamment état de "tortures et autres traitements dégradants et inhumains de civils par les forces de sécurité et l'armée".
Il a relevé "une apparente volonté de tirer pour tuer, la plupart des blessures par balles des victimes ayant été localisées dans la tête, la poitrine et généralement la partie supérieure du corps".
Ce rapport a été qualifié d'"accablant" par l'ambassadeur de France Jean-Baptiste Mattei.
"Il confirme les violations massives des droits de l'Homme, perpétrées par les forces de sécurité et l'armée syrienne. Ces violations pourraient relever de "crimes contre l'humanité " a-t-il dit.
La représentante des Etats-Unis au Conseil, Eileen Donahoe, a pour sa part également appelé à "une enquête internationale, transparente et indépendante rapide sur les allégations de violations des droits de l'homme par les autorités syriennes".
Au cours d'une session spéciale le 29 avril dernier, le Conseil des droits de l'homme avait déjà condamné la Syrie pour avoir ouvert le feu sur des manifestants pacifiques et demandé en vain de pouvoir enquêter dans le pays.