La Place Verte, lieu emblématique du régime du colonel Kadhafi à Tripoli, est tombée aux mains des rebelles dans la nuit de dimanche à lundi. Une prise symbolique qui semble sonner le glas pour le régime du clan Kadhafi.
" La vie sans dignité n'a aucune valeur, la vie sans drapeaux verts n'a aucune valeur. Chantez et dansez". En haranguant ses partisans, le 25 février dernier, du haut de la Place Verte située en plein cœur de Tripoli, Mouammar Kadhafi était loin d'imaginer que près de six mois plus tard, le drapeau des rebelles allait remplacer le sien, et que ses opposants allaient y danser toute la nuit.
Dans la nuit de dimanche à lundi, cette place est en effet tombée aux mains des rebelles, 24 heures après le début d’une vaste offensive sur la capitale libyenne, dernier bastion aux mains des forces kadhafistes. La rébellion s’est empressée de la rebaptiser "Place des Martyrs", en hommage aux victimes du soulèvement. Une démarche qui sonne comme une fin de parcours pour le colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 42 ans.
Haut lieu du kadhafisme
Et pour cause, c’est sur cette place bordée de palmiers et partiellement ceinte d’arcades datant de l'époque coloniale italienne qu’était célébrée chaque année la Révolution du Fateh du 1er septembre 1969, date à laquelle les officiers révolutionnaires commandés par Mouammar Kadhafi se sont emparé du pouvoir. En 2009, à l'occasion du quarantième anniversaire du règne du "Guide", des festivités sur et autour de la place avaient été organisées pendant six jours.
Depuis le 17 février et le début du soulèvement populaire - qui s’est transformé depuis en conflit armé -, les inconditionnels du colonel avaient l'habitude de se rassembler, ou "étaient rassemblés" sur la Place Verte. Cependant, ces derniers peinaient à occuper en intégralité cette vaste esplanade, censée pouvoir contenir "les millions de partisans" dont s'enorgueillissait, jusqu'à récemment, le colonel.
Il y a quelques mois encore, les journalistes étrangers et leurs accompagnateurs désignés par le régime étaient invités à s’y rendre pour constater la popularité de Kadhafi. "Les impures se baignent avec les sangs des Libyens à Paris", était-il encore récemment écrit sur une banderole rédigée dans un français approximatif. Signe des temps qui changent, hier soir, parmi la foule en liesse qui agitait des drapeaux rouge, noir et vert, aux couleurs de la rébellion, quelques drapeaux français étaient arborés "Place des Martyrs".
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