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Le TSL dispose d'éléments de preuve "suffisants" pour ouvrir le procès Hariri

Le TSL a publié ce mercredi la totalité de l'acte d'accusation où figurent, en particulier, les éléments nécessaires et "suffisants" pour que s'ouvre le procès de l'affaire Hariri. Quatre membres du Hezbollah sont dans le collimateur du procureur.

Le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) a publié, mercredi, la totalité de l'acte d'accusation contre les quatre individus inculpés dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat de l'ex-Premier ministre libanais Rafic Hariri, le 14 février 2005. La juridiction a indiqué que "le procureur avait présenté des éléments de preuve suffisants, de prime abord, pour que soit engagée la phase du procès" sur cet attentat qui a également provoqué la mort de 21 autres personnes à Beyrouth.

"Preuves circonstancielles"
Sur le plan de l’enquête - qui se poursuit -, ce document précise que l’accusation repose en grande partie sur "des preuves circonstancielles", représentant plus de 20 000 pages. Et ce sont notamment les relevés des communications téléphoniques (RCT) des téléphones mobiles au Liban qui ont conduit à l’identification, par les enquêteurs, de certaines des personnes soupçonnées d'être responsables de l’attentat. Ce document révèle également, et pour la première fois, les rôles respectifs des quatre accusés dans cet assassinat. Présentés comme des "sympathisants" du Hezbollah par le TSL, leurs identités avaient déjà été dévoilées fin juin.
Selon les enquêteurs, Moustafa Badreddine, 50 ans, "dirigeait l’opération de manière générale". Salim Ayyash, 47 ans, assurait quant à lui, la coordination de l’équipe d’exécution de l’assassinat et a assumé la responsabilité de la réalisation matérielle de l’attentat. Toujours selon le TSL, les deux autres personnes citées, Hussein Anaissi, 37 ans, et Assad Sabra, 34 ans avaient pour tâche d’organiser, au moyen notamment d'une cassette vidéo, une fausse revendication de l'attentat. Objectif : soustraire les vrais auteurs du complot à la justice en désignant de faux coupables.
"Les quatre accusés ont joué des rôles importants dans l’attentat du 14 février 2005 et, à ce titre, tous les quatre portent la responsabilité pénale des résultats de l’attentat", est-il écrit dans cet acte d’accusation.
L’ombre du Hezbollah
Cependant, il n’est nullement question dans l’acte d’accusation des commanditaires de l’assassinat, dont la préparation remonterait au mois de novembre 2004. "Il n’est pas précisé si les quatre hommes ont agi pour le compte du Hezbollah, et s’il ont bénéficié ou non du soutien de la Syrie ou de l’Iran. Toutefois, le procureur souligne que deux des auteurs présumés, Badreddine et Ayyash ont des liens de parenté avec Imad Moughniyé, l’ancien chef militaire et membre fondateur du parti chiite, tué à Damas en février 2008", note Stéphanie Maupas, correspondante de FRANCE 24 à La Haye. Mais selon le TSL, il est "raisonnable de conclure" que ces deux accusés avaient la capacité de commettre l’attentat du 14 février 2005, "compte tenu de leur expérience, de leur formation et de leur appartenance au Hezbollah".
Le parti de Hassan Nasrallah a de son côté exclu dès début juillet l'arrestation des quatre suspects qui font l'objet d'une "notice rouge" émise par Interpol, rejetant à l’avance toute décision émanant du TSL, qu’il juge "à la solde des Etats-Unis et d’Israël". L’un des cadres du parti a même récemment qualifié les quatre accusés de "saints".
Réagissant à la publication de l’acte d’accusation, le fils de Rafic Hariri, l’ex-Premier ministre Saad Hariri, a appelé le Hezbollah chiite à livrer ses quatre membres. "J'espère (...) que le commandement du Hezbollah et en particulier Hassan Nasrallah va prendre une décision historique (...) et annoncer une coopération totale avec le tribunal international pour que les accusés soient livrés et pour que soit entamé un procès équitable", a-t-il déclaré dans un communiqué.
La semaine dernière, les autorités libanaises avaient remis un rapport au TSL expliquant qu'elles n'avaient pas réussi à interpeller les quatre hommes pour leur signifier personnellement les charges pesant contre eux dans le cadre de cette enquête.