Dans un discours retransmis par la télévision publique, Ali Abdallah Saleh a fait part de son intention de revenir à Sanaa. Le président yéménite est en convalescence en Arabie saoudite depuis l'attaque contre son palais le 3 juin.
AFP - Le président yéménite Ali Abdallah Saleh s'en est pris violemment mardi à ses opposants et a annoncé son prochain retour à Sanaa, coupant court aux spéculations sur son intention de quitter le pouvoir après plus de six mois de contestation de son régime.
M. Saleh s'est adressé à ses partisans dans un discours retransmis par la télévision publique depuis Ryad, où il est en convalescence, après avoir été blessé dans un attentat contre son palais le 3 juin.
Le président yéménite, qui a été hospitalisé deux mois, est apparu en bonne forme et a parlé sur un ton ferme et combatif.
Il a accusé l'opposition d'avoir "volé" les slogans des jeunes manifestants qui contestent son régime et d'être composée de "résidus de marxistes, de talibans et de partisans de l'imam", l'ancien roi du Yémen.
"Ces mal-pensants aux intérêts étroits ont volé les slogans des jeunes de la révolution qui campent place de l'université à Sanaa", a-t-il déclaré à propos des opposants qui ont l'intention de se réunir mercredi dans la capitale pour se fédérer et relancer leurs demandes d'une transition politique au Yémen.
"La crise a été provoquée par les forces politiques dans l'intention d'arriver au pouvoir", a encore dit M. Saleh, dont des manifestations populaires réclament depuis fin janvier son départ du pouvoir.
Le président yéménite a profité de son discours pour annoncer son prochain retour dans le pays, affirmant: "A bientôt dans notre capitale Sanaa".
Ce propos sans équivoque répond aux spéculations de la presse et de milieux politiques yéménites sur un éventuel exil de M. Saleh en Arabie saoudite et d'une transition politique rapide.
"L'annonce de son retour, c'est l'annonce d'une sédition", a prévenu un responsable de l'opposition, Soltan al-Atwani, ajoutant dans une déclaration à à l'AFP que l'"intention inavouée (de M. Saleh), c'est de conduire le pays vers la guerre civile".
Après plus de six mois de contestation, le régime yéménite est affaibli avec la défection d'une partie de l'armée, des tribus et des oulémas, mais les protestataires n'ont néanmoins pas réussi à chasser du pouvoir M. Saleh, à la tête du pays depuis 1978. La répression a fait au moins 200 morts parmi les protestataires.
M. Saleh s'adressait à des milliers de membres de tribus qui lui sont encore fidèles, rassemblés à Sanaa pour "aider à une sortie de crise", selon l'agence officielle Saba.
La réunion "est une réaction normale aux dangers qui menacent le pays (...) car ce sont les tribus qui vont protéger le Yémen" en cas de persistance de la crise, ont indiqué les organisateurs cités par Saba.
Les quelque 5.000 participants à "la conférence des tribus du Yémen" se sont engagés à soutenir la "légitimité constitutionnelle" du président Saleh, combattre les hors-la-loi et "agir avec fermeté contre ceux qui refusent le dialogue", en référence à l'opposition et ses alliés tribaux.
Cette initiative intervient à la veille d'une réunion à Sanaa convoquée par l'opposition pour se doter d'un "Conseil national" fédérant ses diverses composantes et préparer le départ du pouvoir de M. Saleh.
Le Conseil devrait fédérer les partis du Forum commun, dont l'infuent islamiste Al-Islah, les jeunes protestataires qui campent dans la rue, les représentants de la société civile, ceux du Mouvement sudiste, les rebelles chiites du nord et des personnalités indépendantes.
Les tribus yéménites hostiles au président Saleh avaient pour leur part annoncé fin juillet la création d'une coalition, "l'alliance des tribus du Yémen", pour défendre le mouvement de contestation.