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Des dizaines de morts à Deir ez-Zor et Houlé après l'assaut de l'armée syrienne

54 civils auraient été tués dimanche à Deir ez-Zor (est), Houlé (centre) et Idleb (nord-ouest) en Syrie, au lendemain de l'annonce, par le ministre des Affaires étrangères, de la tenue d'élections législatives avant la fin de l'année.

AFP -   Les forces de sécurité syriennes ont à nouveau réprimé dimanche dans le sang le mouvement de contestation, tuant 54 personnes, malgré un concert de critiques internationales, le Pape lançant un appel au dialogue et la Ligue arabe demandant de cesser "immédiatement" les violences.

Agir face aux hors-la-loi qui coupent les routes, ferment les villes et terrorisent la population est une obligation pour l'État qui doit défendre la sécurité et protéger la vie des citoyens

Bachar al-Assad, président syrien, le 07/08

Le président Bachar al-Assad a pour sa part justifié les interventions sanglantes du régime par une lutte contre des "hors-la-loi".

Dimanche, l'armée a une nouvelle fois choisi d'utiliser la force pour mater la contestation et a envoyé les chars à l'assaut de Deir Ezzor (430 km au nord-est de Damas) tuant 42 civils, puis de Houlé dans la province de Homs (centre) où au moins dix civils ont été tués, selon Abdel Karim Rihaoui, le chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme.

Selon une autre ONG, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) deux personnes ont été tuées dimanche à Idleb (nord-ouest) par les tirs des forces de sécurité qui ont ouvert le feu sur la foule qui participait aux funérailles d'une personne décédée à l'aube.

L'armée a pénétré dans neuf quartiers de Deir Ezzor et de "très fortes explosions" ont été entendues, ont indiqué les Comités de coordination locaux (LCC), qui chapeautent les manifestants anti-régime. Selon Rami Abdel Rahmane, chef de l'OSDH quelque 250 chars et transports de troupes blindés ont participé à l'offensive.

A Houlé, environ 25 chars et transports de troupes sont entrés dans la ville dimanche matin et ont procédé à des opérations militaires, selon M. Rihaoui.

La deuxième ville du pays, Alep (nord), a également été le théâtre de manifestations dimanche soir avec des centaines de personnes qui sont descendues dans la rue pour réclamer la chute du régime et proclamer leur solidarité avec Deir Ezzor et Hama, selon M. Abdel Rahmane.

La télévision publique a démenti l'entrée de chars à Deir Ezzor. "Aucun char n'y est entré, mais des divisions de l'armée ont levé des barrages érigés par les groupes terroristes, aux entrées de cette ville", a-t-elle affirmé.

Elle a montré par ailleurs "une grande quantité d'armes et de munitions" saisies, selon elle, dans un camion intercepté à la frontière libanaise, dans le gouvernorat de Homs.

Cette ville, la troisième de Syrie, située à 160 km au nord de Damas, a été à la pointe de la révolte antigouvernementale. L'armée y a été dépêchée il y a deux mois pour tenter de faire taire les manifestants.

Les militants, qui manifestent habituellement à la sortie de la prière musulmane du vendredi, ont promis de faire de "chaque jour un vendredi" pendant le mois de ramadan, organisant des défilés nocturnes après la prière quotidienne des Tarawih.

Deux personnes ont succombé dimanche à leurs blessures après avoir été touchées par des tirs des forces de sécurité lors de manifestations samedi soir à Idleb, ont indiqué des militants.

Les appels se sont multipliés ces derniers jours pour que le régime mette un terme au bain de sang mais le président syrien semblait y rester sourd.

Dimanche, il a justifié son action lors d'un entretien avec le ministre libanais des Affaires étrangères Adnane Mansour, selon l'agence officielle Sana.

"Agir face aux hors-la-loi qui coupent les routes, ferment les villes et terrorisent la population est une obligation pour l'Etat qui doit défendre la sécurité et protéger la vie des citoyens", a-t-il déclaré.

Il a d'autre part assuré que la Syrie "avançait sur la voie des réformes", au lendemain de la promesse par le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem de la tenue d'élections législatives "libres et transparentes" avant la fin de l'année.

La veille, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon avait exhorté M. Assad à mettre fin à la répression meurtrière au cours d'un entretien téléphonique, le premier depuis avril.

Dimanche, le secrétaire général de la Ligue, Nabil al-Arabi a également appelé les autorités syriennes "à mettre fin immédiatement à tous les actes de violence et aux campagnes sécuritaires contre les civils". Il s'est toutefois gardé de demander le départ du dirigeant syrien comme l'exigent les manifestants syriens mobilisés contre le régime depuis la mi-mars.

Le Pape Benoît XVI a lancé des appels pressants aux autorités syriennes pour "répondre aux aspirations légitimes" de la population, se disant "vivement préoccupé" par "les épisodes dramatiques et croissants de violence en Syrie".

De leur côté, Washington, Paris et Berlin envisageaient de nouvelles mesures contre Damas, tandis que les monarchies du Golfe ont réclamé la fin de l'"effusion de sang".

Pour sa part, la Turquie, pays voisin de la Syrie s'est déclaré "à bout de patience".

L'ambassadeur américain en Syrie, Robert Ford, a affirmé qu'il comptait poursuivre ses déplacements dans le pays pour rendre compte de "l'odieuse" répression par le régime de Bachar al-Assad des manifestations.

Selon l'OSDH, au moins 2.059 personnes, dont 391 militaires et agents de sécurité, ont trouvé la mort en Syrie depuis le 15 mars.