![Le secrétaire général veut rassurer Paris sur son indépendance Le secrétaire général veut rassurer Paris sur son indépendance](/data/posts/2022/07/14/1657812398_Le-secretaire-general-veut-rassurer-Paris-sur-son-independance.jpg)
Alors que certains députés français se montrent sceptiques quant à un éventuel retour complet de la France au sein de l'Otan, son secrétaire général, Jaap de Hoop Scheffer, a affirmé que la souveraineté française n'était pas menacée.
AFP - Le secrétaire général de l'Otan, Jaap de Hoop Scheffer, a cherché jeudi à rassurer des députés français réservés ou hostiles sur un retour complet de la France dans l'Alliance atlantique, assurant que la souveraineté nationale n'était pas menacée.
Soucieux de plaider au mieux ce dossier sensible, il s'est présenté comme "européen autant qu'atlantiste", et a confié son "grand respect" pour le général de Gaulle, qui avait pourtant claqué avec fracas la porte de la structure militaire de l'Otan en 1966.
M. de Hoop Scheffer a estimé le "moment (...) venu" pour que Paris reprenne "toute sa place" au sein de l'Alliance, en prenant soin d'ajouter qu'il s'agissait d'une décision "souveraine" de la France et de son président, Nicolas Sarkozy, qu'il a rencontré jeudi.
Avec le rapprochement déjà amorcé ces dernières années, "la France n'a rien perdu de sa souveraineté, pas plus qu'elle n'en perdrait demain si elle décidait de reprendre toute sa place au sein de l'Alliance", a-t-il déclaré devant les commissions de la Défense et des Affaires étrangères.
M. Sarkozy a évoqué à plusieurs reprises le retour de la France dans la structure militaire intégrée de l'Otan, et a indiqué samedi que "le moment approche" d'expliquer aux Français que cette perspective ne nuirait pas à l'indépendance du pays.
Cette décision devrait être annoncée d'ici au sommet de l'Otan, début avril à Strasbourg et Kehl (ouest de l'Allemagne).
Membre fondateur de l'Alliance en 1949, la France n'a pas quitté ses structures politiques et contribue à plusieurs des opérations militaires de l'Alliance, en particulier en Afghanistan.
Une fois la décision de réintégration complète effective, Paris disposera de "postes très importants", a assuré le secrétaire général de l'Alliance.
Selon des sources diplomatiques, un général français devrait ainsi prendre la tête du Allied command transformation (ACT) à Norfolk (Virginie), c'est-à-dire devenir responsable de la modernisation des structures et des doctrines de l'Alliance. Un autre officier français devrait diriger un commandement régional basé à Lisbonne, selon ces sources.
Plusieurs députés se sont toutefois montrés critiques ou réservés.
Un retour complet dans l'Otan "changerait l'image de la France, qui n'est pas celle d'un pays aligné sur les Etats-Unis", a déclaré le socialiste Jean-Michel Boucheron.
"Est-ce qu'on a envie que tous les peuples du monde nous considèrent comme une Grande-Bretagne bis?", s'est-il demandé.
Loïc Bouvard (UMP) a déclaré "ne pas penser que l'indépendance sera compromise". Mais "la France y trouvera-t-elle son compte pleinement ? Allons-nous transformer le leadership américain en véritable partenariat avec l'Europe?", s'est-il interrogé.
Le patron des députés PS Jean-Marc Ayrault a de son côté demandé à François Fillon d'engager la responsabilité de son gouvernement à l'Assemblée nationale sur ce "retournement stratégique" contesté y compris dans la majorité.
Favorable à une réintégration, Yves Fromion (UMP) a estimé que "ce serait une illusion de croire que l'Europe de la défense pourra avancer si les autres pays soupçonnent la France de vouloir miner l'Otan".
M. de Hoop Scheffer a souligné qu'une réintégration complète de la France "n'affaiblirait pas l'Europe, mais au contraire pourrait la renforcer" au sein de l'Otan.
"Il ne s'agit nullement de noyer les idées françaises dans une pensée unique otanienne", a encore promis M. de Hoop Scheffer, premier secrétaire général de l'Otan à s'exprimer devant les députés français depuis 15 ans.