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L'Américain Alan Gross, arrêté en décembre 2009 pour espionnage, a été condamné à 15 ans de prison par la justice cubaine. Considérée par les États-Unis comme une "injustice", cette décision met un terme aux espoirs de rapprochement.

AFP - La justice cubaine a confirmé vendredi la condamnation à 15 ans de prison pour espionnage de l'Américain Alan Gross, mettant ainsi un terme temporaire aux espoirs de réchauffement des relations avec les Etats-Unis qui considèrent cette condamnation comme une "injustice".

Le Tribunal suprême cubain a émis un "verdict définitif" rejetant le recours en cassation déposé le 22 juillet par l'avocate d'Alan Gross contre le jugement prononcé contre lui en mars, selon un communiqué publié sur le site officiel Cubadebate (www.cubadebate.cu).

Alan Gross, un sous-traitant du département d'Etat américain de 62 ans, avait été arrêté en décembre 2009 à Cuba alors qu'il remettait du matériel de communication par satellite à des opposants. Il avait été condamné le 12 mars à 15 ans de prison pour "atteinte à l'indépendance et la sûreté de l'Etat".

Les autorités américaines ont reconnu qu'il travaillait pour un sous-traitant du programme d'aide du département d'Etat (USAID) afin de distribuer des téléphones à la petite communauté juive de Cuba, mais ont toujours considéré sa condamnation comme une "injustice".

Aucune amélioration des relations entre Cuba et les Etats-Unis, qui n'entretiennent plus de relation diplomatique officielle depuis 1961, n'est possible tant qu'Alan Gross restera en prison à Cuba, ont toujours répété les responsables du département d'Etat américain.

Après le verdict du Tribunal suprême, seule une grâce prononcée par le Conseil d'Etat, présidé par Raul Castro, pourrait permettre une libération d'Alan Gross, comme l'a demandé son avocat Peter J. Kahn.

"Aujourd'hui, plus que jamais, nous appelons les deux pays à résoudre de manière diplomatique leur conflit à propos des activités d'Alan, et demandons au président Raul Castro de libérer Alan immédiatement sur des bases humanitaires", affirme un communiqué de son avocat américain.

Selon son épouse, Alan Gross a perdu près de quarante kilos en prison et souffre d'une arthrite. Le couple a par ailleurs une fille qui vient d'être opérée d'un cancer et la belle-mère d'Alan Gross souffre d'un cancer non opérable, selon l'avocat.

L'affaire Gross a mis un frein à un timide rapprochement entre Cuba et les Etats-Unis entamé après l'élection à la Maison Blanche de Barack Obama, qui a élargi les autorisations de voyage à Cuba et les possibilités de transfert d'argent vers Cuba.

"L'incarcération de Gross constitue un obstacle à la relation bilatérale", selon Michael Shifter, président du Dialogue Interaméricain, un centre d'études basé à Washington.

"Une décision favorable à Gross pourrait donner plus de latitude au président Obama pour prendre des mesures d'ouverture envers Cuba", avait-il déclaré à l'AFP lors du recours présenté par l'Américain. "Mais il y a aussi des risques. S'il n'y a pas de réciprocité de Washington, Raul Castro sera exposé aux critiques de l'aile la plus dure de son régime", jugeait alors l'expert.

De son côté, La Havane exige depuis plus de dix ans la libération de cinq de ses agents arrêtés en 1998 aux Etats-Unis et condamnés à de lourdes peines de prison alors qu'ils avaient infiltré les milieux anticastristes de Floride.

L'avocate cubaine d'Alan Gross, Nuris Piñero, est également un des avocats des familles des cinq agents célébrés à Cuba comme des "héros de la lutte antiterroriste" injustement condamnés aux Etats-Unis.