Mercredi, le général Rostam Ghasemi a été nommé ministre du Pétrole après un vote massif du Parlement iranien. Issu de la branche économique des Pasdarans, il fait notamment l'objet de sanctions de la part des États-Unis et de l'UE.
AFP - Le général Rostam Ghasemi, qui commande la branche économique des Gardiens de la révolution (Pasdaran), a été nommé mercredi ministre du Pétrole par le Parlement iranien qui a entériné le choix du président Mahmoud Ahmadinejad.
Le général Ghasemi, commandant en chef de Khatam al-Anbya, holding économique des Pasdaran massivement présente dans l'industrie pétrolière, figure parmi les personnalités soumises à des sanctions par les Etats-Unis, l'Union européenne et l'Australie en raison de leur implication dans les programmes nucléaire et balistique iraniens controversés.
Le vote massif --216 voix sur 246 députés présents-- en faveur du général Ghasemi "montre que le Parlement ne se préoccupe pas de ce genre de choses", a souligné le président du Majlis Ali Larijani dans une allusion aux sanctions.
Dès avant sa nomination, M. Ghasemi a annoncé son intention d'accroître le rôle des Pasdaran et de Khatam al-Anbya dans le développement de l'industrie pétrolière et gazière de l'Iran, deuxième producteur de l'Opep.
Le pétrole rapporte 80% de ses ressources en devises à la République islamique, qui possède également les deuxièmes réserves de gaz dans le monde, encore largement inexploitées.
Khatam al-Anbya, conglomérat géant créé après la guerre contre l'Irak (1980-88) pour permettre aux Pasdaran de participer à la reconstruction du pays, s'est initialement développé dans la construction des routes et des infrastructures.
Il s'est diversifié ces dernières années dans les constructions mécaniques, l'industrie minière, les télécommunications ou les industries de défense, ainsi que dans l'industrie pétrolière et gazière où il a actuellement 25 milliards de dollars de contrats en cours, selon le vice-ministre du Pétrole Ahmad Ghalebani.
Il a pris en charge en 2010 une partie du développement du champ gazier offshore géant de South Pars, dans le Golfe, après le retrait des grands groupes occidentaux, notamment Shell et Total, du fait des sanctions internationales qui visent essentiellement les secteurs bancaire et énergétique iraniens.
Khatam al-Anbya et ses principales filiales figurent sur la liste des institutions iraniennes soumises aux sanctions de l'ONU, renforcées en 2010 par un strict embargo des puissances occidentales.
Les Gardiens de la révolution, garde prétorienne du régime iranien, sont notamment responsables du programme missilier balistique de l'Iran, lui aussi condamné par l'ONU et visé par les sanctions internationales.
Les grandes puissances soupçonnent l'Iran de chercher à se doter de l'arme atomique sous couvert de ses programmes nucléaire et spatial civils, ce que Téhéran a toujours vigoureusement démenti.
Outre le général Ghasemi, trois importants membres du gouvernement iranien font déjà l'objet de sanctions internationales liées au contentieux nucléaire: le ministre des Affaires étrangères Ali Akbar Salehi (figurant sur la liste de l'UE), le ministre de la Défense Ahmad Vahidi (visé par des sanctions américaines et européennes), et le vice-président Fereydoun Abbassi-Davani, chef de l'Organisation iranienne de l'énergie atomique (OIEA), figurant sur la liste des responsables sanctionnés par les Nations unies qui ont condamné le programme nucléaire iranien dans six résolutions depuis 2006.
Ces sanctions individuelles, de nature essentiellement financière, n'ont pas empêché jusqu'à présent les dirigeants iraniens visés de voyager à l'étranger, y compris en Europe.
Le Parlement a par ailleurs accordé l'investiture à trois nouveaux ministres dans le cadre d'une restructuration du gouvernement: MM. Mehdi Kazantari au ministère de l'Industrie, des mines et du commerce, Abdolreza Sheikholeslami au ministère du Travail et du bien-être social, et Mohammad Abbassi aux Sports.