Le Premier ministre égyptien Essam Charaf, qui doit présenter lundi un nouveau gouvernement afin d'apaiser la contestation de la rue, pourrait remplacer une vingtaine de ministres, ce qui représenterait un renouvellement de 80 % du gouvernement.
AFP - Le Premier ministre égyptien Essam Charaf a désigné dimanche un nouveau ministre des Affaires étrangères, nouvelle étape du vaste remaniement promis afin d'apaiser les critiques à l'encontre du gouvernement de transition et de l'armée, qui dirige le pays.
Mohammed Kamel Amr remplacera Mohammed Al-Orabi, qui avait démissionné samedi, a annoncé le chef du gouvernement sur sa page Facebook.
M. Amr, un diplomate, a indiqué à l'agence officielle Mena que sa priorité serait le rôle de l'Egypte dans le monde arabe.
"L'Egypte est au coeur du monde arabe. Ce qui se passe en Egypte aura des répercussions (dans les autres pays). Si l'Egypte avance, le monde arabe avance", a-t-il dit.
M. Amr a été ambassadeur de son pays auprès de l'Arabie saoudite et a également travaillé à l'ambassade d'Egypte à Washington. Il a en outre représenté l'Egypte auprès de plusieurs organisations africaines et de la Banque mondiale, selon l'agence de presse Mena.
M. Charaf doit annoncer d'ici à lundi soir une refonte de son équipe, mais selon Mena il a déjà, dimanche, soumis pour approbation une liste de ministres au Conseil suprême des forces armées (CSFA), à la tête de l'Egypte depuis le départ du pouvoir en février à la suite d'une révolte populaire du président Hosni Moubarak.
Ce remaniement vise à répondre aux attentes des manifestants qui campent depuis une dizaine de jours sur la place Tahrir au Caire et réclament notamment la mise à l'écart de personnalités jugées proches de l'ancien pouvoir.
Selon des sources gouvernementales une vingtaine de ministres, soit les 4/5es du gouvernement, seraient remplacés. Les portefeuilles de l'Intérieur, de la Culture, de la Justice, de l'Education et du Tourisme resteraient aux mains de leurs actuels titulaires.
M. Charaf s'est déjà choisi samedi deux adjoints à la tête du gouvernement, un économiste expérimenté, Hazem Beblawi, et Ali al-Silmi, un membre influent du Wafd, un parti libéral dans l'opposition du temps du président Moubarak.
Ils remplacent le Premier ministre adjoint Yahia el-Gammal, qui avait démissionné dans le courant de la semaine.
M. Beblawi supervisera la politique économique dans le futur gouvernement remanié et M. Silmi sera chargé des questions liées à la "transition démocratique".
M. Beblawi cumulera ses fonctions avec celles de ministre des Finances, un poste détenu par Samir Radwane, qui avait connu des déboires avec un projet de budget revu de fond en comble à la demande des militaires.
Le très médiatique, mais controversé, secrétaire d'Etat aux Antiquités, Zahi Hawass, déjà en place sous M. Moubarak, est lui aussi donné partant, selon des sources gouvernementales.
Ces changements ont dopé la Bourse du Caire, qui a clos en hausse de 3,26%.
Le gouvernement de M. Charaf, sous tutelle des militaires, est chargé de gérer la transition jusqu'aux élections législatives qui doivent avoir lieu en octobre ou novembre.
Une partie de la population accuse le pouvoir de faire traîner les réformes démocratiques et sociales promises.
De nombreux Egyptiens lui reprochent également de manquer de fermeté pour faire juger les dignitaires de l'ancien régime et les policiers responsables de la répression au cours du soulèvement de janvier-février, qui a fait officiellement près de 850 morts.
L'armée, de plus en plus ouvertement montrée du doigt, a promis de limiter le recours aux tribunaux militaires pour juger des civils, un des principaux griefs des manifestants.