L'astronaute français Leopold Eyharts s’est rendu il y a trois ans à bord de la station spatiale internationale grâce à la navette Atlantis. Il explique à FRANCE 24 pourquoi cette navette est unique et ce que signifie sa mise à la retraite.
La navette américaine Atlantis prend vendredi son dernier envol. En 2007, le spationaute français de l’Agence spatiale européenne (ESA) Leopold Eyharts avait volé à son bord afin de rejoindre la station spatiale internationale et de mettre en place un laboratoire de recherche européen. Il revient pour FRANCE 24 sur l’importance d’Atlantis dans l’histoire de l’exploration spatiale.
FRANCE 24 : Vous avez été à bord de la navette Atlantis, quelle est pour vous l’importance de ce dernier vol ?
Leopold Eyharts : Ce n’est pas seulement une page de l’histoire spatiale qui se tourne mais une page de l’histoire tout court. La navette Atlantis appartient au patrimoine culturel et technologique mondial. On n’a jamais fait mieux depuis les années 70. Elle pouvait non seulement transporter jusqu’à sept astronautes, mais il était également possible de faire des observations scientifiques à bord et d'emporter du matériel technologique.C’est le seul avion spatial qui n’ait jamais existé !
F24 : Quel a été l’apport d’Atlantis à l'exploration spatiale?
L.E. : C’est grâce à Atlantis qu’on a pu construire le téléscope spatial Hubble [le plus grand téléscope d’observation spatial, NDLR] et sans elle, l'ISS n’aurait jamais pu être un projet aussi ambitieux.
F24 : N'existe-t-il pas d’alternatives en cours de réalisation ?
L.E. : La navettte russe Soyouz ne peut techniquement que servir à assurer la rotation du personnel. Les Russes ont également cinq autres véhicules mais qui sont spécialement dédiés au transport de frêt. Les véritables alternatives à Atlantis sont actuellement développées par les entreprises privées comme SpaceX et Orbital. Mais l’Europe peut également jouer un rôle dans ce domaine avec son projet d’ARV (Advanced re-entry vehicule) qui, dans un premier temps, sera dédié au frêt mais qui devrait par la suite pouvoir servir à transporter des passagers.
F24 : Avec la mise à la retraite d’Atlantis, quelle devrait maintenant être la priorité pour l’exploration spatiale ?
L.E. : La priorité est d’utiliser au maximum les possibilités de la station spatiale internationale. Il y a des recherches nécessaires sur la sécurité, sur les technologies qui ne peuvent être menées correctement que dans l’espace. Il faut donc se concentrer là-dessus jusqu’en 2020. Ensuite, je pense qu’il faudrait privilégier la mise en place d’une présence permanente sur la lune au lieu d’essayer d’aller sur Mars. On est encore loin d’être au point pour ça.