logo

La Grande Île s’éloigne des élections de la saison sèche

Les élections législatives et présidentielle devraient intervenir à Madagascar avant fin septembre. Un délai difficile à respecter, les partis politiques n’ayant toujours pas signé la version amendée de la feuille de route de sortie de crise.

Leonardo Simao, l'émissaire de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), était à Antananarivo cette semaine pour préparer la mise en œuvre de la feuille de route de sortie de crise paraphée par huit des onze partis politiques malgaches le 9 mars dernier. Seuls les partis des anciens présidents avaient boudé le document qui, selon eux, accordent les pleins pouvoirs à Andry Rajoelina, à la tête du pays depuis un coup d'état en 2009.

L'application de cette feuille de route ouvrirait la voie à des élections jumelées - législatives et présidentielle - censées mettre fin à la crise de légitimité à la Grande Île. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a déjà entamé "les préparatifs techniques" de ces scrutins et n'attendrait plus que l'accord des politiques pour organiser les élections.

Dans sa version initiale, la feuille de route indiquait que le nouvel homme fort du pays devait conduire une transition “plus ouverte” aux autres formations politiques ; qu'il avait également la responsabilité d’instaurer “un climat politique et sécuritaire favorable après la tenue des élections” pour permettre le retour des exilés politiques, dont son prédecesseur Marc Ravalomanana, exilé en Afrique du Sud. Une clause qui, entre les lignes, excluait des prochaines échéances électorales les rivaux politiques d’Andry Rajoelina, vivant actuellement en exil

Des voltes-faces de la médiation

Les relations entre les autorités malgaches et la SADC se sont tendues mi-juin après que les chefs d’État membres de l'organisation ont amendé le document en exigeant du pouvoir malgache qu'il permette “un retour sans conditions” de tous les exilés politiques. Un changement de formulation qui n’a pas été apprécié par Antananarivo.

"Personne ne peut faire pression sur nous", a rétorqué le chef de la Haute autorité de la transition malgache. Pour Andry Rajoelina, son ancien rival "peut rentrer dès que le contexte politique le permettra. Et encore, souligne-t-il, il ne peut pas rentrer impunément". Marc Ravalomanana a en effet été condamné par contumace aux travaux forcés à perpétuité pour meurtre et complicité de meurtre.

Dépêché auprès des autorités malgaches pour lever l’équivoque cette semaine, l’émissaire de la SADC Léonordo Simao est revenu notamment sur la problématique du retour des exilés politiques. Pour lui, c’est aux autorités de la transition d’apprécier les conditions de retour des politiciens en exil.

Selon Philippe Hugon, directeur de recherche à l’IRIS, en charge de l’Afrique, ce nouveau revirement de la médiation régionale traduit “le soutien de plus en plus accru dont le pouvoir d’Andry Rajoelina bénéficie auprès de l’organisation régionale”. Le chercheur soutient que la position de ce dernier lui permettra de remporter, sans difficultés, les prochaines échéances électorales.

Des élections jumelées improbables avant la saison des pluies

Avant de quitter Madagascar lundi, l’émissaire de SADC a annoncé que "la cérémonie de signature de la version définitive de la feuille de route pourrait intervenir à Madagascar avant la fin du mois de juillet". Entretemps, des tractations seront engagées avec les autres partis politiques de l’opposition, en particulier avec les mouvances des anciens présidents de la république malgache.

À ce jour, aucune date pour l’organisation effective des élections n’est connue. Le code électoral prévoit néanmoins la tenue du scrutin “durant la saison sèche de l’année”, soit “avant le 30 septembre” précise la feuille de route de sortie de crise paraphée le 9 mars par la majorité des partis politiques.

Techniquement, si la médiation parvient à convaincre les partis des anciens présidents à signer la version amendée de la feuille de route d’ici fin juillet, il ne restera plus que deux mois avant l’échéance électorale. Or, le président de la République doit convoquer l’électorat 90 jours avant le début des scrutins. Dans ces conditions, la tenue des élections jumelées avant la fin de l’année est de plus en plus hypothétique.