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Les Banques populaires et les Caisses d'Épargne vont fusionner

Le projet de mariage entre les Banques populaires et les Caisses d'Épargne a été officialisé, mercredi. Une fusion précipitée par la crise financière qui donnera naissance au deuxième établissement financier du pays.

Caisse d'Epargne et Banque Populaire ont officialisé mercredi leur projet de mariage qui donnera naissance à la deuxième banque française, un rapprochement précipité par les derniers rebondissements de la crise financière.

Le président de la République Nicolas Sarkozy a "appuyé de toutes ses forces" ce projet, jugeant "important" que la France dispose "d'acteurs bancaires de forte dimension", a déclaré le patron de l'Ecureuil, Charles Milhaud, dans un entretien qui sera diffusé jeudi sur Radio Classique.

Les instances dirigeantes des deux banques coopératives, déjà alliées à travers leur filiale commune Natixis, ont approuvé l'ouverture de négociations en vue de fusionner leurs organes centraux.

Les réseaux d'agences resteront en revanche séparés et les marques seront conservées, sur le modèle de Crédit Agricole/LCL ou Peugeot/Citroën.

Le nouvel ensemble affichera des fonds propres de plus de 40 milliards d’euros, 480 milliards d’épargne et de dépôts, un réseau de 8.200 agences en France et près de 100.000 collaborateurs. Il se hissera au second rang des banques françaises et au troisième rang européen.

C'est le président des Banques Populaires Philippe Dupont qui devrait en prendre la tête. "Il a toutes les qualités pour être le président du nouvel ensemble", a estimé Charles Milhaud.

Cette fusion nécessitera une modification législative -- car le statut des Caisses d'Epargne est défini par une loi -- ainsi que l'agrément du Comité des établissements de crédit et des entreprises d'investissement (CECEI), qui devra s'assurer que le nouveau groupe n'occupe pas une position dominante.

Une fusion des organes centraux des deux banques était envisagée depuis la création de Natixis en 2006, issue de la réunion de leurs activités de banque de gros. L'aggravation de la crise financière et l'annonce dimanche de la reprise de la majeure partie de la banque du Benelux Fortis par BNP Paribas, qui permet à cette dernière de creuser l'écart avec ses concurrentes, ont donné l'impulsion décisive au rapprochement.

"Dans un monde financier troublé, le mariage de deux grands établissements est un message très fort à envoyer au marché", a réagi la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.

Les syndicats ont en revanche manifesté leurs inquiétudes pour l'emploi, l'Unsa demandant la "saisine urgente des instances sociales".

"Ce rapprochement est positif pour les clients des deux banques" car le nouvel ensemble sera "extrêmement solide", a commenté Gwénaël de Sagazan, associé gérant de Close Brothers.

"La mauvaise nouvelle, c'est que moins il y aura d'intervenants sur le marché, plus les clients auront des difficultés à obtenir de bonnes conditions" d'emprunt, a-t-il nuancé.

"Pour rassurer les gens dans la période actuelle, il faut des banques solides, grosses, assises sur de larges dépôts", juge un banquier proche de l'opération. A l'heure où les banques ne peuvent plus se financer sur le marché monétaire, celles qui disposent d'un confortable matelas de dépôts qu'elles peuvent transformer en crédits ont plus de chance de survivre.

L'opération vise toutefois également à remédier au "problème" que leur pose Natixis, ajoute ce banquier. Très vulnérable à la crise en raison de son profil d'activités, tourné vers les marchés financiers, la filiale a plombé les comptes de ses deux actionnaires, et en particulier ceux de l'Ecureuil. Son cours de Bourse a perdu plus de 70% de sa valeur depuis janvier.

"Natixis, ça ne pouvait pas marcher avec deux actionnaires qui se regardaient en chiens de faïence. Là au moins, Natixis, aura un seul chef", explique-t-il.