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La droite de Berlusconi redoute un revers électoral à Milan

Quelque six millions d’Italiens doivent désigner ces dimanche et lundi les maires de 88 communes de la péninsule. Au cœur de la bataille : Milan, fief de la droite italienne que la coalition du "Cavaliere" pourrait perdre.

Dès avant le premier tour, le président du Conseil, Silvio Berlusconi, avait fait de des élections locales italiennes un référendum sur sa personne et sa politique. Il doit à présent le regretter. La coalition du "Cavaliere" court en effet au devant d’une défaite cuisante lors du second tour du scrutin, qui se tient ces dimanche et lundi.

La bataille se concentre à Milan, capitale économique du pays, fief de Silvio Berlusconi et de ses alliés de la Ligue du Nord. Les chiffres du premier tour ont causé des frayeurs dans le camp de la majorité : avec 48% des voix, le candidat de gauche, Giuliano Pisapia, devance de plus de 6 points la maire conservatrice Letizia Moratti.

À Naples, la droite menée par l'entrepreneur Gianni Lettieri est sortie en tête du premier tour, devançant d’une dizaine de points son rival de centre-gauche, Luigi de Magistris, un ancien magistrat. Mais le second tour est loin d’être perdu pour la gauche, qui devrait bénéficier d’un report de voix des électeurs de gauche.

Au total, 88 communes, dont 13 chefs-lieux de département, doivent élire leur maire. Les électeurs doivent aussi choisir les présidents de six provinces.

Dérapages verbaux

Dans l'entre-deux-tours, Silvio Berlusconi, qui a été particulièrement gourmand en apparitions télévisées, n’a pas hésité à tenir des propos virulents pour décrédibiliser le camp de gauche et tenter d’arracher une victoire.

"Je ne pense pas qu'il y ait une seule personne avec la tête bien ancrée sur les épaules qui puisse voter pour M. de Magistris [le candidat de gauche à Naples, NDLR]. Quelqu'un qui vote pour lui doit rentrer à la maison, se regarder dans un miroir et dire ‘je suis un homme ou une femme sans cerveau’", a déclaré Silvio Berlusconi au cours d'une émission télévisée sur la principale chaîne de télévision publique RAI 1.

Il a également accusé Giuliano Pisapia, candidat de gauche à Milan, de vouloir transformer la métropole en "une ville islamique, une Tziganopolis pleine de camps de Roms et assiégée par les étrangers auxquels la gauche veut même donner le droit de vote".

À la suite de cette série d’interviews, l'autorité italienne des communications a infligé des amendes à cinq chaînes de télévision, dont trois qui appartiennent au conglomérat Mediaset de Silvio Berlusconi, pour avoir accordé un temps de parole excessif au "Cavaliere".

La Ligue du Nord entraînée dans la chute 

Peu confiant, le président du Conseil italien cherche d'ores et déjà à minimiser les conséquences d'une éventuelle défaite. Son exemple : l’Espagne. "[Le chef du gouvernement espagnol, José] Zapatero a perdu Séville et Barcelone, deux fiefs de la gauche, mais il n'a songé à aucun moment à démissionner", a-t-il indiqué récemment dans le quotidien La Repubblica.

Silvio Berlusconi est déjà affaibli par le "Rubygate", affaire dans laquelle il est accusé d’avoir payé une prostituée mineure, surnommée Ruby, pour des relations sexuelles. Il est également poursuivi pour avoir abusé de son pouvoir en faisant libérer la jeune fille, alors détenue par la police dans le cadre d’une affaire de vol à Milan. La prochaine audience du procès doit avoir lieu mercredi prochain.

L’avenir de la coalition gouvernementale, qui lie le parti berlusconien du Peuple de la liberté (PDL) à la Ligue du Nord, est également en jeu. Silvio Berlusconi a "formellement exclu" un divorce politique. Mais Umberto Bossi, dirigeant de la Ligue, a prévenu qu'il ne se laisserait pas "entraîner vers le fond".

Les bureaux de vote sont ouverts jusqu’à 20h (GMT) ce dimanche, et le seront de nouveau lundi matin. Le taux de participation, au premier tour, était de 71 %, un taux légèrement inférieur aux élections précédentes.