La finale de la Ligue des Champions 2011, qui oppose ce samedi le FC Barcelone et Manchester United, verra l'un des deux clubs grimper pour la quatrième fois au sommet de l'Europe. L'affiche, en tout cas, promet d'être explosive.
AFP - Y avait-il plus belle affiche ? Le FC Barcelone et Manchester United, abonnés aux finales de Ligue des champions ces dernières années, se disputent un peu plus qu'une suprématie ponctuelle en Europe samedi à Wembley (18h45 GMT): il s'agit d'écrire une page d'histoire.
Ce sont actuellement les deux clubs hégémoniques des deux plus grands championnats du football continental. Vainqueurs chacun trois fois de la C1 dans leur histoire, ils disputent leur 3e finale en cinq ans pour le Barça (vainqueur en 2006 et 2009) et en quatre ans pour MU (en 2008).
Côté joueurs, un plateau de stars: Barcelone compte huit champions du monde espagnols et le podium du Ballon d'Or 2010 (Messi, Iniesta, Xavi); Manchester s'appuie sur des légendes vivantes (Van der Sar, Giggs) et naissantes (Rooney, Hernandez).
Côté entraîneurs, le Catalan Pep Guardiola bouclerait trois ans roboratifs frôlant la perfection en cas de succès. S'il l'emportait samedi, son homologue Alex Ferguson (titré en 1999 et 2008) rejoindrait le légendaire Bob Paisley, unique entraîneur à avoir remporté trois fois la compétition reine (avec Liverpool en 1977, 1978 et 1981).
Comment y parvenir ? "Les Anglais, contrairement aux Catalans, peuvent accepter d'être dominés et sont capables de rester à trente mètres de leur but et d'attendre, analyse l'entraîneur de Marseille, Didier Deschamps, sur uefa.com. Et quand l'équipe repart, c'est d'une précision diabolique".
Une tactique qui a étanchéifié la défense des Diables Rouges (seulement 4 buts encaissés en 12 matches de C1, aucun à l'extérieur). Mais difficile de faire abstraction d'un adversaire dont le jeu est devenu un modèle. Et Ferguson de se creuser la tête: comment faire tiquer le "toque" espagnol, l'empêcher d'afficher 70% de possession balle ?
Car les Blaugranas, éliminés en demi-finale en 2008 par MU (0-0, 1-0), avaient ensuite survolé la finale 2009 entre les deux équipes (2-0). Et ils affichent depuis une maîtrise inentamée, agrémentée d'une montée en puissance de Messi, récompensé de deux Ballons d'Or consécutifs. Même s'il n'a jamais marqué en Angleterre..
Ferguson a l'embarras du choix, dans le secteur offensif surtout, avec Rooney, Hernandez, Berbatov, Nani, Park, Valencia... Seuls six Diables Rouges sont des titulaires indiscutables: Van der Sar, Ferdinand, Vidic, Evra, Carrick et Rooney. Ferguson devrait bâtir son onze autour de cette colonne vertébrale...
La principale question se situe au milieu: il s'agit de miser sur le physique comme l'a fait le Real Madrid lors de la récente séquence des quatre clasicos, et/ou de bloquer la relation entre le duo Iniesta-Xavi et Messi, comme l'Inter Milan de Jose Mourinho l'avait réussi en demi-finale aller la saison dernière (victoire 3-1).
Fletcher est le joueur idoine pour ce genre de tâches, mais le milieu écossais n'a repris la compétition que dimanche, pour le dernier match de championnat (4-2 contre Blackpool), après deux mois d'indisponibilité en raison d'un virus, et devrait être remplaçant. Carrick avait été dépassé par Messi en 2009; en phase défensive, Rooney pourrait du coup venir lui prêter main-forte pour entraver les chevauchées de l'Argentin.
En face, Guardiola n'a pas ces états d'âme. Il a une équipe-type, et la seule incertitude concerne le poste d'arrière gauche, Puyol ayant cependant une longueur d'avance sur Abidal, tandis que Mascherano poursuivrait son intérim dans l'axe aux côtés de Piqué.
Les acteurs sont prêts, le décor est planté, à Londres. Manchester jouera-t-il à domicile ? En Angleterre, "il y a beaucoup de tribalisme, juge Ferguson. Nous n'aurons pas un soutien unanime". Guardiola se sentira peut-être davantage chez lui: c'est à Wembley qu'il avait contribué, en tant que joueur, à décrocher la première C1 du Barça (1-0 a.p. contre la Sampdoria Gênes).
Mais samedi, c'est une autre histoire.