Des militants syriens rapportent la mort de 19 civils dans les villes de Deraa (sud) et de Homs (centre), ce mercredi. Les chars de l'armée syrienne sont toujours déployés dans plusieurs foyers de contestation du régime de Bachar al-Assad.
AFP - Dix-neuf civils ont été tués mercredi dans les foyers de la contestation contre le régime syrien à Deraa et Homs, où l'armée a renforcé son emprise malgré les appels internationaux à cesser la répression de la révolte qui secoue le pays depuis huit semaines, selon des militants.
Parallèlement, dans une nouvelle tentative d'apaisement, le régime a annoncé la création d'une commission chargée de rédiger une nouvelle loi électorale "conforme aux critères internationaux", une exigence des opposants. Mais le 21 avril, il avait déjà abrogé l'état d'urgence sans cesser la répression.
"Nous nous battrons jusqu'au bout. Nous ne partirons pas", a déclaré dans une rare interview, publiée par le New York Times, un cousin du président Bachar al-Assad, le magnat Rami Makhlouf, qui figure parmi les 13 responsables syriens frappés mardi par des sanctions de l'Union européenne.
Dix-neuf civils, dont un enfant de huit ans, ont été tués dans les régions de Deraa (sud) et de Homs (centre), où l'armée est intervenue pour mater la contestation, a déclaré à l'AFP le chef de l'organisation nationale des droits de l'Homme, Ammar Qourabi, interrogé par l'AFP au téléphone depuis Nicosie.
Selon lui 13 civils, dont un enfant de 8 ans et un infirmier venu secourir les blessés, ont été tués par des tirs de francs-tireurs à Al-Harra, un village de la région de Deraa. Un 14e a péri dans la localité voisine de Jassem et cinq sont morts par des tirs d'obus de chars sur le secteur de Bab Amr à Homs.
"Des corps jonchent le sol à Bab Amr et personne n'ose les évacuer à cause des agents de sécurité et des tireurs embusqués", a dit un autre militant ayant requis l'anonymat.
Une autre ONG a fait état de neuf morts à Homs. Et les autorités syriennes ont annoncé la mort de deux soldats et de "plusieurs membres de groupes terroristes" à Homs et Deraa, alors qu'elles accusent des "groupes armés" instrumentalisés par l'étranger de vouloir semer le chaos en Syrie.
Des chars de l'armée avaient renforcé ces derniers jours leur emprise notamment à Homs et Banias (nord-ouest).
Des quartiers à la périphérie de Homs ont été la cible de tirs d'obus alors que l'armée y menait "des opérations de ratissage à la recherche d'armes", a indiqué Najati Tayara, un militant des droits de l'Homme. "Les habitants sont terrifiés".
Les militaires avaient pénétré le 6 mai dans le centre-ville de Homs, puis dans les quartiers tenus par les opposants.
Selon l'agence officielle Sana, "Des dizaines de personnes recherchées ont été arrêtées et une grande quantité d'armes et de munitions ont été saisies à Bab Amr et dans Deraa. Un certain nombre de terroristes ont été tués et blessés".
Dans Banias assiégée, l'armée continue de "rechercher des chefs de file des manifestations", a affirmé Rami Abdel Rahmane, président de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Sur les quelque 450 personnes arrêtées, 270 ont été relâchées après avoir été "violemment frappées et insultées" et s'être engagées à ne plus manifester, a-t-il dit.
Depuis l'intervention de l'armée le 7 mai, huit personnes y ont été tuées, selon lui.
A Mouadamiya, dans la banlieue proche de Damas, les forces de sécurité étaient toujours "déployés en grand nombre", selon un militant, tandis que le quotidien Al-Watan, proche du pouvoir, annonçait l'arrestation d'un "grand nombre de personnes recherchées".
Dans la localité d'Amouda (nord-est), quelques 500 personnes ont manifesté pour la levée du siège des villes, selon un autre militant.
Depuis le début de la contestation le 15 mars, entre 600 et 700 civils ont été tués et plus de 8.000 personnes ont été arrêtées ou ont disparu, selon les ONG.
Face à cette répression, l'UE a dit étudier une révision de ses sanctions afin d'exercer "le maximum de pression politique possible" sur M. Assad, alors que le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a exhorté ce dernier à renoncer à l'usage de la force.
Expliquant l'absence de M. Assad dans la liste des responsables syriens sanctionnés par l'UE, le ministre italien des Affaires étrangères, Franco Frattini, a assuré qu'il restait un mince espoir que le président mette en oeuvre les réformes promises.
Mais des divisions sont apparues au sein de la communauté internationale, la Russie refusant ainsi un débat au Conseil de sécurité de l'ONU sur la Syrie en arguant que l'opposition syrienne était responsable des violences.
Néanmoins, la Syrie a retiré sa candidature au Conseil des droits de l'Homme de l'ONU, jugée malvenue par une partie de la communauté internationale, et sa place a été prise par le Koweït.
Enfin, l'Agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens (UNWRA) a été contrainte de suspendre ses activités auprès des 50.000 personnes vivant dans des camps de les régions de Deraa et Homs.
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