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Les arrestations se poursuivent après la prise de Deraa

Les forces de sécurité syriennes ont poursuivi la vague d'arrestation entamée après la prise de Deraa samedi, tuant 10 personnes et en arrêtant 499 autres, d'après l'agence officielle Sana. Les opposants ont appelé à de nouvelles manifestations.

REUTERS - Le coup de filet dans les milieux démocrates entamé après la prise de Deraa, berceau de la contestation dans le sud de la Syrie, s'est poursuivi lundi a
travers tout le pays, selon des mouvements de défense des droits de l'homme.

Plusieurs centaines de partisans de l'ouverture qui manifestent depuis le 18 mars ont selon eux été interpellés depuis dimanche.

"Ils continuent leurs arrestations dans toutes les villes de Syrie. Ils ont des listes et ils vont de maison en maison à la recherche des gens. Il s'agit d'arrestations arbitraires,
effectuées sans mandat. On ignore ce qu'on leur reproche. Personne ne le sait", a déclaré à Reuters le militant Ammar Kourabi.

A la recherche d'hommes de moins de 40 ans, les forces de l'ordre ont pénétré dans des maisons du centre historique de Deraa, qu'une brigade commandée par un frère du président Bachar al Assad avait pilonnée samedi, ont déclaré des témoins joints par téléphone.

Selon l'agence de presse officielle Sana, elles sont sur les traces de "groupes terroristes qui ont semé la terreur parmi les civils (de Deraa) (...) dont elles ont tué dix membres et arrêté 499 autres".

Cinq tireurs embusqués qui ouvraient le feu sur les passants ont également été tués, ajoute-t-elle, citant une source militaire.

Des défenseurs connus des droits de l'homme ont également été interpellés à Kamichli et à Rakka, dans l'Est, ainsi que dans les faubourgs de Damas, aux côtés de centaines de Syriens ordinaires qui manifestent depuis un mois et demi pour réclamer davantage de libertés.

Manifestations à Homs

L'écrivain Omar Khouch a lui aussi été interpellé à son retour d'Ankara, a indiqué Ammar Kourabi.

Selon les mouvements de défense des droits de l'homme, la répression des manifestations a fait au moins 560 morts.

A Homs, dans le Centre, plusieurs milliers de contestataires ont défilé dimanche pour réclamer la chute du régime.

A Rastan, plus au nord, se sont déroulées les obsèques de 17 hommes tués vendredi par des agents des services de renseignement militaires lors d'un rassemblement politique
durant lequel les noms de 50 membres démissionnaires du parti Baas au pouvoir ont été lus.

Des signes de mécontentement sont apparus au sein de l'armée majoritairement sunnite, bien que contrôlée par des officiers de la minorité alaouite dont le président est issu.

Dans le village de Karbaoui, près de Kamichli, deux mille Kurdes ont assisté aux obsèques d'un jeune homme de 20 ans, Ahmad Fanar Moustafa, qui, selon son père, aurait été tué par les forces de l'ordre pour avoir refusé de participer à la répression.

A Deraa, un témoin a raconté que les hommes jeunes de la vieille ville avaient été mis en sécurité dans des villages voisins après l'arrestation de 450 hommes de moins de 40 ans.

Le témoin, un négociant qui a réussi à franchir la frontière jordanienne dimanche, a assuré que les autorités nettoyaient les rues du sang de dizaines de jeunes manifestants tués par des tirs de mitrailleuses. Les autorités ont envoyé des chars à Deraa lundi dernier.

Les correspondants étrangers n'ont pas l'autorisation de se rendre en Syrie.