Dominique de Villepin est de retour devant les tribunaux, 16 mois après sa relaxe dans l'affaire Clearstream, pour être rejugé en appel. L'ex-Premier ministre s'est déclaré "serein" à l'approche de ce nouvel épisode judiciaire.
AFP - Seize mois après avoir été relaxé dans l'affaire Clearstream, Dominique de Villepin comparaît de nouveau ce lundi devant la justice, à l'occasion de son procès devant la cour d'appel de Paris qui s'annonce plus apaisé en raison de la défection du chef de l'Etat.
"Je ne crains rien et on ne craint rien quand on est innocent", a déclaré dimanche l'ancien Premier ministre, se disant "parfaitement serein cette fois-ci".
Dans ce dossier, on reproche à Dominique de Villepin, ainsi qu'au mathématicien Imad Lahoud et à l'ancien responsable d'EADS, Jean-Louis Gergorin, d'avoir falsifié des listings bancaires émanant de la chambre de compensation luxembourgeoise Clearstream, afin de faire croire que plusieurs personnalités, dont Nicolas Sarkozy, détenaient des comptes occultes à l'étranger.
L'affaire avait éclaté au grand jour à l'été 2004, mais ce n'est qu'en janvier 2006, alors que l'instruction piétinait, que Nicolas Sarkozy s'était constitué partie civile, promettant de pendre les coupables à "un croc de boucher". L'enquête avait alors été menée à grands renforts de moyens par les juges Henri Pons et Jean-Marie d'Huy.
Convaincus que Dominique de Villepin était l'instigateur du complot, ils l'avaient renvoyé en correctionnelle fin 2008 pour répondre notamment de "complicité de dénonciation calomnieuse".
A l'issue d'un mois de procès, Dominique de Villepin avait été relaxé, le 28 janvier 2010, par le tribunal correctionnel de Paris, tout comme le journaliste Denis Robert.
L'auditeur Florian Bourges, qui a remis les fichiers clients de Clearstream à Imad Lahoud, avait été condamné à quatre mois de prison avec sursis. Jean-Louis Gergorin s'était vu infliger quinze mois de prison ferme et 40.000 euros d'amende et Imad Lahoud dix-huit mois de prison ferme et 40.000 euros d'amende.
Ces deux derniers ont fait appel de leur condamnation. Concernant l'ancien ministre, c'est le parquet qui s'est chargé de faire appel.
Une vingtaine de parties civiles ont également contesté la décision de première instance. Le plus grand absent sera Nicolas Sarkozy qui a renoncé à sa poursuivre Dominique de Villepin en appel.
Durant les quatre semaines de procès --les audiences s'achèveront le 26 mai et la décision sera mise en délibéré à plusieurs mois--, neuf témoins viendront éclairer la cour d'appel, présidée par Christiane Beauquis. Parmi eux, le général Philippe Rondot, qui a un temps enquêté sur les listings, l'ancien patron de la DST, Pierre Bousquet de Florian, ou encore le juge d'instruction Renaud van Ruymbeke.