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Bangkok et Phnom Penh s'affrontent de nouveau sur leur frontière commune

Après deux mois d'accalmie, de violents combats ont opposé pendant quelques heures les troupes thaïlandaises et cambodgiennes à la frontière. Les deux pays se disputent une zone comprenant les ruines de deux temples datant du XIe siècle.

AFP - De nouveaux combats à l'arme lourde ont opposé vendredi soldats thaïlandais et cambodgiens, tuant six d'entre eux et mettant un terme à deux mois d'accalmie entre les deux pays qui se disputent une zone frontalière.

Comme lors des précédents violents affrontements du 4 au 7 février, les deux parties se sont rejetées mutuellement la responsabilité des incidents qui ont éclaté au petit matin près des temples de Ta Krabei et Ta Muean Tom et ont duré plusieurs heures.

"Les soldats cambodgiens ont tiré avec des fusils d'assaut sur la Thaïlande en premier et maintenant ils ont commencé à nous bombarder avec de l'artillerie et nous avons pris les mesures de représailles appropriées", a indiqué à l'AFP le ministre thaïlandais de la Défense Prawit Wongsuwon.

"Je pense que le Cambodge veut prendre le contrôle de temples à la frontière", a-t-il ajouté.

Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva a ordonné une enquête après que trois soldats de son pays ont été tués et une dizaine d'autres blessés dans ces combats qui ont provoqué l'évacuation de plusieurs milliers de villageois côté thaïlandais.

Trois soldats ont également été tués et plusieurs blessés côté cambodgien, selon le porte-parole du ministère cambodgien de la Défense Chhum Socheat.

Phnom Penh a accusé les troupes voisines d'avoir pénétré 400 mètres à l'intérieur de son territoire.

Les soldats thaïlandais "ont lancé une attaque non provoquée", a déclaré le porte-parole du gouvernement Phay Siphan.

"C'est une nouvelle invasion du Cambodge par la Thaïlande. Nous ne pouvons pas accepter ça".

La frontière entre les deux pays n'a jamais été totalement démarquée, notamment en raison de la présence de nombreuses mines laissées par des décennies de guerre civile au Cambodge.

En février, les combats avaient principalement eu lieu à une centaine de kilomètres plus à l'est, près du temple khmer de Preah Vihear.

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À LA FRONTIÈRE ENTRE LE CAMBODGE ET LA THAÏLANDE
Bangkok et Phnom Penh s'affrontent de nouveau sur leur frontière commune

Ces ruines du XIe siècle, dont le classement par l'Unesco en 2008 avait ravivé les tensions, relèvent de la souveraineté du Cambodge selon une décision de la Cour internationale de justice de 1962.

Mais les Thaïlandais contrôlent ses principaux accès et les deux pays revendiquent une zone de 4,6 km2 en contrebas de l'édifice.

Selon les analystes, ces disputes frontalières sont utilisées des deux côtés pour exalter les sentiments nationalistes de la population.

A la suite des combats de février qui avaient fait au moins dix morts, dont sept côté cambodgien, le Conseil de sécurité de l'ONU avait appelé à un cessez-le-feu permanent, mais rejeté la demande de Phnom Penh d'envoyer des Casques bleus sur la frontière.

Les deux voisins avaient ensuite donné leur accord pour l'envoi d'observateurs à la frontière, au terme d'une médiation organisée par l'Association des Nations d'Asie du sud-est (Asean).

Mais depuis, l'armée thaïlandaise a indiqué que ces observateurs n'étaient pas les bienvenus et ils n'ont jamais été déployés.

L'Indonésie, qui assure la présidence tournante de l'Asean, a appelé vendredi les deux voisins à "une cessation immédiate des hostilités" et à "résoudre leurs différends par des moyens pacifiques".

Phnom Penh réclame depuis février une médiation pour régler ces différends, mais Bangkok insiste pour des discussions uniquement bilatérales.

La Thaïlande a d'autre part récemment reconnu avoir utilisé lors des combats de février des armes controversées, les "munitions classiques améliorées à double effet" (DPICM), tout en insistant sur le fait que ce n'étaient pas des armes à sous-munition.

La Coalition contre les armes à sous-munitions (CMC) a assuré de son côté qu'il s'agissait bien d'armes à sous-munition, dénonçant leur utilisation.