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Nicolas Sarkozy défend le projet de prime aux salariés

L'attribution d'une prime aux salariés d'une entreprise distribuant des dividendes est largement critiquée, alors que les modalités d'application restent floues. Cette proposition est censée incarner les ambitions sociales du président pour 2012.

Reuters - A un an de l’élection présidentielle, Nicolas Sarkozy a confirmé sa volonté de faire profiter les salariés des dividendes de la reprise en défendant son projet de prime exceptionnelle pour le personnel de toutes les entreprises à travers la France.

Au moment où le gouvernement vient de reconduire le gel du point d’indice des fonctionnaires, il a réaffirmé la nécessité dans le même temps pour l’Etat de faire des économies en réduisant ses effectifs, y compris dans l’Éducation nationale.

Un déplacement symbolique dans les Ardennes

Pour relancer la thématique du pouvoir d’achat, le chef de l’Etat avait symboliquement choisi les Ardennes, un département de vieille industrie très touché par la crise où il avait évoqué la « France qui souffre » et qui « se lève tôt « dans un discours marquant de la campagne qui devait l’amener à l’Elysée en 2007. « J’ai demandé au gouvernement de prévoir un dispositif qui assurera que, en sortie de crise, les salariés et les ouvriers français aient le sentiment qu’on tienne compte de leurs efforts et qu’il y ait davantage de justice » , a-t-il dit pour justifier son projet de prime.

Les modalités de cette prime, critiquée par avance par les partenaires sociaux, seront connues « dans les jours à venir ».

Comme annoncé précédemment, les entreprises qui distribuent des dividendes en hausse devront négocier avec les syndicats pour déterminer son montant. Le ministre du Budget, François Baroin, a évoqué un ordre de grandeur de 1.000 euros.

« Pour les petites entreprises, le gouvernement est prêt à dire à toutes celles qui verseraient une prime exceptionnelle qu’on l’exonérera de cotisations sociales », a dit Nicolas Sarkozy, ajoutant: « Naturellement, on ne les obligera pas mais on les incitera ».

Il s’exprimait devant les salariés d’une fonderie de Vrigne aux Bois, près de Charleville, qui a traversé la crise sans réduire ses effectifs même si elle a du gérer un recul de 35% de son chiffre d’affaires en 2009. Elle a recours aujourd’hui aux heures supplémentaires défiscalisées pour faire face à un plan de charge dont le niveau dépasse celui de l’avant-crise.

"La France qui se lève tôt c’est bien, mais encore faudrait-il qu’elle ait un salaire décent"

« Au moment où nous sortons de la crise, je ne comprendrais pas, je n’accepterai pas qu’on n’en tienne pas compte pour donner du pouvoir d’achat supplémentaire aux salariés et aux ouvriers », a encore déclaré le chef de l’Etat.

Il a justifié son initiative par le fait que les négociations ouvertes depuis deux ans à sa demande par les partenaires sociaux sur le partage de la valeur « n’ont pas avancé d’un centimètre ».

« Je vous rassure, je ne suis pas socialiste, je ne suis pas de gauche (mais) mon devoir c’est de réfléchir avec cohérence, avec bon sens, et avec justice. »

Le président du directoire de la Fonte ardennaise, Nicolas Grosdidier, a déclaré à la presse attendre d’en savoir plus sur cette prime pour se prononcer tout en laissant entendre qu’un groupe comme le sien, qui emploie 800 personnes et dégage « les bonnes années un résultat net de 1,5% à 2% du chiffre d’affaires » (170 millions d’euros), aurait du mal à l’acquitter. « La France qui se lève tôt, c’est bien mais encore faudrait-il qu’elle ait un salaire décent », a dit pour sa part Nadine Baudion, déléguée CFDT, en soulignant que des salariés de l’entreprise touchaient le RSA (revenu social d’autonomie) en complément de leur rémunération.

S’exprimant par la suite devant des maires du département réunis à Renwez, Nicolas Sarkozy a insisté sur la nécessité pour la France de réduire ses déficits « pour éviter qu’elle se trouve dans la situation du Portugal, de la Grèce ou de l’Irlande, et même aujourd’hui des Etats-Unis », qui sont sous la menace d’un abaissement de leur notation.

« Je comprends parfaitement vos protestations, les fermetures de classe, les fermetures de bureau de poste. Je vous demande de raisonner en citoyens français. Nous devons faire des économies pour éviter le drame que représente un pays trop endetté », a-t-il dit.

Aux milieux enseignants qui s’inquiètent de l’impact sur la rentrée prochaine de la poursuite du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite, il répond que l’Education nationale a vu ses effectifs croître ces dernières années et qu’il fallait aujourd’hui réformer son organisation.

« S’il suffisait d’embaucher des maîtres en plus pour résoudre tous les problèmes, on ne devrait avoir aucun problème en matière d’éducation », a-t-il dit.