Au lendemain du discours du président syrien, qui a promis une abolition imminente de l'État d'urgence (en vigueur depuis 1963), de nouvelles manifestations ont eu lieu à Soueida (sud), bastion des druzes syriens, ainsi qu'à Alep.
REUTERS - Au lendemain de la promesse du président Bachar al Assad de lever l'état d'urgence la semaine prochaine, des manifestations appelant à la démocratisation du régime se sont poursuivies dimanche en Syrie, cette fois-ci à Soueida, dans le sud du pays, selon un témoin.
Au moins quatre personnes ont été tuées dimanche et une cinquantaine blessées par des tirs des services de sécurité dans la localité syrienne de Talbisseh, près de Homs (centre), ont indiqué des témoins à l'AFP.
Les services de sécurité "ont ouvert le feu sur une foule composée de milliers de personnes" qui participaient aux obsèques d'une personne tuée la veille dans la localité, ont indiqué à l'AFP des témoins par téléphone.
"Quatre personnes au moins ont été tuées mais le bilan pourrait être plus élevé. Il y a eu aussi plus de 50 blessés", a affirmé l'un des témoins.
"Dieu, Syrie, liberté, c'est tout!", a scandé la foule des manifestants. Ils ont également scandé "Même pas peur" ainsi que d'autres slogans soutenant les habitants de Deraa, au sud-ouest du pays, berceau historique de l'actuelle vague de contestation du régime de Bachar al Assad.
Le rassemblement de dimanche a coïncidé avec la commémoration du départ des troupes françaises et de l'indépendance du pays, le 17 avril 1946. Des partisans de Bachar al Assad étaient également présents pour affirmer leur soutien au chef de l'Etat.
A Alep, deuxième ville du pays située dans le nord-ouest,
plusieurs centaines de personnes ont scandé dimanche "Le peuple veut la liberté" sur la tombe du leader indépendantiste Ibrahim Hananou, selon un militant des droits de l'homme présent sur les lieux.
Cette cité - l'une des plus anciennes au monde, située à l'un des principaux carrefours de l'Orient pendant 4.500 ans - a été jusqu'ici relativement épargnée par le vent de révolte qui souffle actuellement sur la Syrie.
Dimanche, l'agence de presse officielle Sana a indiqué qu'une "grande quantité" d'armes, dont des fusils, des jumelles de vision nocturne, des pistolets et des explosifs, a été saisie à Tanaf, au sud-est du pays, à proximité de la frontière irakienne.
Récemment, des armes ont également été découvertes aux confins de la Turquie et du Liban, selon les autorités syriennes, accréditant la thèse officielle selon laquelle la Syrie serait la cible "d'une grande conspiration" venue de l'étranger.
Londres salue la levée de l'état d'urgence
Samedi, le président Bachar al Assad a promis la levée dès la semaine prochaine de l'état d'urgence en vigueur depuis 48 ans en Syrie.
Assad, qui est confronté à une vague de manifestations sans précédent depuis qu'il a succédé à son père Hafez il y a onze ans, s'était déjà engagé à remplacer l'état d'urgence instauré lors de la prise de pouvoir du parti Baas en 1963, mais en le remplaçant par une législation antiterroriste.
L'état d'urgence interdit notamment des rassemblements publics de plus de cinq personnes.
Dans son allocution prononcée devant le nouveau gouvernement formé jeudi, il a prévenu que cette nouvelle législation ne ferait preuve d'aucune indulgence envers "les saboteurs", un engagement que l'opposition considère comme destiné à maintenir les restrictions aux libertés de réunion et d'expression.
"Les Syriens sont civilisés. Ils raffolent de l'ordre et n'accepteront pas le chaos et le règne de la populace. Nous n'aurons aucune indulgence envers le sabotage", a déclaré le président dans une allocution télévisée à la nation.
Le secrétaire au Foreign Office, William Hague, s'est réjoui que le président Assad "ait reconnu (...) que la réforme est nécessaire et urgente en Syrie".
"Nous appellons le gouvernement syrien à lever l'état d'urgence la semaine prochaine comme le président Assad l'a proposé et à assurer que les personnes responsables de la mort de civils devront répondre de leurs actes", a déclaré le chef de la diplomatie britannique.
Assad a reconnu que la corruption était un problème en Syrie, mais il n'a annoncé aucune mesure visant à restreindre la domination de son clan sur la vie économique du pays.
Son cousin, l'homme d'affaires Rami Makhlouf, s'est considérablement enrichi durant le règne d'Assad et symbolise aux yeux des manifestants la corruption régnant au plus haut sommet de l'Etat.
Selon le principal comité syrien de défense des droits de l'homme, la répression du mouvement pour la démocratie a fait environ 200 morts depuis près d'un mois.