Les employés de Tepco, l'exploitant de la centrale nucléaire de Fukushima, assurent avoir colmaté une fuite d'eau hautement radioactive qui se déversait dans l'océan en face de la centrale. En revanche, les rejets volontaires d'eau se poursuivent.
AFP - Une fuite d'eau hautement radioactive qui se déversait dans l'océan en face de la centrale accidentée de Fukushima, a été colmatée, mais les rejets volontaires d'eau contaminée se poursuivaient mercredi, aggravant le risque d'une pollution de la chaîne alimentaire marine.
Il s'agit de la première bonne nouvelle depuis bientôt quatre semaines pour Tokyo Electric Power (Tepco), l'opérateur et propriétaire de la centrale nucléaire Fukushima Daiichi (N°1) gravement endommagée par le séisme et le tsunami du 11 mars.
Cet accident, le plus grave depuis celui de Tchernobyl il y a 25 ans, va coûter très cher à la première société d'électricité du Japon en termes d'indemnisations aux populations et aux entreprises de cette région du nord-est.
L'action, qui avait déjà atteint mardi un plus bas historique, chutait à nouveau de plus de 16% mercredi matin à la Bourse de Tokyo.
Après plusieurs jours d'efforts infructueux pour boucher une brèche de 20 cm dans une fosse technique située au bord de l'océan Pacifique, les techniciens de Tepco ont trouvé la solution mardi en injectant dans le sol du verre soluble (silicate de sodium), un agent chimique qui a pour propriété de se solidifier au contact de l'eau.
it"Les ouvriers ont confirmé à 05H38 (mardi 20H38 GMT) que l'eau s'écoulant de la fosse s'était arrêtée", a déclaré Tepco.
Un volume important d'eau très contaminée, provenant du réacteur 2, s'échappait jour et nuit de cette fosse, à un rythme estimé à sept tonnes par heure. Cette fuite était à l'origine d'une élévation importante du taux d'iode radioactif 131 dans les prélèvements d'eau de mer, à proximité de la centrale.
Mais le risque de contamination de l'environnement marin n'est pas pour autant écarté, soulignent les experts.
Les opérations de rejet en mer de 11.500 tonnes d'eau faiblement radioactive, selon Tepco, se poursuivaient mercredi, pour la troisième journée consécutive, en face de la centrale et à 250 kilomètres seulement de la mégapole de Tokyo et de ses 35 millions d'habitants.
L'évacuation de cette eau dans l'océan, où les radioéléments sont censés se diluer, est nécessaire afin de libérer des cuves de stockage destinées à être remplies d'eau hautement radioactive qui s'est accumulée dans les installations et les galeries techniques des réacteurs 2 et 3.
Cette eau polluée contient notamment de l'iode 131, dont la durée de vie se réduit de moitié tous les huit jours, et surtout du césium 137, qui lui reste actif pendant des décennies.
Les experts craignent que la chaîne alimentaire marine ne soit contaminée en amont, à travers le plancton qui est consommé par les poissons.
Afin de rassurer la population, le gouvernement a fixé un taux limite de radioactivité pour les produits de la mer, similaire à celui établi pour les légumes.
Au-delà de 2.000 becquerels/kg pour l'iode 131 et de 500 becquerels pour le césium 137, les poissons seront considérés comme impropres à la consommation.
Les rejets massifs d'eau polluée dans l'océan risquent de peser encore sur les exportations de produits frais du Japon.
L'Inde a décrété mardi une interdiction totale des importations de produits alimentaires japonais, pour une durée de trois mois éventuellement renouvelable.
Il s'agit du premier pays à appliquer une telle décision, alors que la Chine, Taïwan, Singapour, la Russie et les Etats-Unis ont limité leurs interdictions aux produits venant de certaines régions du Japon.
L'Union européenne, qui a introduit depuis le 24 mars des contrôles à l'entrée des produits venant de ces régions, a décidé d'abaisser le niveau de radioactivité autorisé en s'alignant sur les normes du Japon, déjà très sévères.
L'UE appliquait jusqu'ici les plafonds de radioactivité fixés en 1987, après Tchernobyl.
A la centrale de Fukushima, les techniciens s'efforcent toujours de rétablir l'alimentation électrique et des circuits de refroidissement, condition indispensable pour empêcher les barres de combustible d'entrer en fusion, ce qui provoquerait un cataclysme nucléaire.
Mais en attendant, ils doivent continuer à injecter chaque jour des centaines de tonnes d'eau dans les réacteurs et les piscines de combustible usé pour les maintenir à température, un "lessivage" qui est à l'origine des énormes inondations d'eau contaminée dans les bâtiments et les galeries techniques souterraines.