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Les forces alliées à Ouattara prennent le contrôle de Yamoussoukro

Après s'être emparées de la capitale administrative Yamoussoukro, les forces acquises au président reconnu par la communauté internationale poursuivaient leur route vers le sud de la Côte d'Ivoire. Avec Abidjan en ligne de mire.

AFP - Les forces du président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara ont accentué mercredi leur pression sur le régime du président sortant Laurent Gbagbo en prenant la capitale politique Yamoussoukro, alors que la tension montait à Abidjan.

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Au troisième jour de l'offensive, cette victoire hautement symbolique intervient quatre mois après le début d'une crise post-électorale ayant fait, selon l'ONU, au moins 460 morts et déplacé près d'un million de personnes.

Elle constitue un revers de taille pour le président sortant Laurent Gbagbo, dont le régime est isolé diplomatiquement et asphyxié économiquement, et dont les forces semblent se replier sur la capitale économique Abidjan, coeur d'un pouvoir qui n'a jamais été aussi menacé.

"M. Gbagbo a encore quelques heures pour partir, sinon ce sera la marche sur Abidjan. Et ce sera beaucoup plus compliqué pour lui", a averti sur France 24 Guillaume Soro, Premier ministre de M. Ouattara.

Dans la métropole abidjanaise, de nombreux habitants sont rentrés précipitamment chez eux dans l'après-midi, ont constaté des journalistes de l'AFP. Des tirs ont été entendus dans plusieurs quartiers nord. Au Plateau, où se trouve le palais présidentiel, la circulation était des plus réduites.

Les Forces républicaines de M. Ouattara, regroupant essentiellement les ex-rebelles qui tiennent le Nord depuis 2002, ont poursuivi mercredi leur avancée en prenant Yamoussoukro et Soubré, à 130 km au nord de San Pedro (sud-ouest), plus important port d'exportation du cacao au monde.

Elles avaient déjà remporté d'importantes victoires mardi, en entrant à Duékoué, Daloa (centre-ouest) et Bondoukou (est), mais aussi Abengourou (sud-est), à seulement 220 km de la capitale économique Abidjan.

L'ambassadeur de Côte d'Ivoire en France nommé par Alassane Ouattara, Ally Coulibaly, a assuré que les forces de son camp contrôlaient "les trois quarts" du pays.

Yamoussoukro, village natal du "père de la Nation" Félix Houphouët-Boigny (1960-93) devenu capitale politique du premier exportateur mondial de cacao, est tombée aux mains des combattants pro-Ouattara, pratiquement sans combat, seuls quelques tirs de kalachnikov ayant été entendus, selon des habitants.

"Yamoussoukro est sous contrôle des Forces républicaines, la foule en liesse les acclame, ils paradent en ville", a indiqué une résidente de la capitale.

A bord de pick-ups armés de mitrailleuses ou de motos, ils sillonnent la capitale en lançant des cris de joie, selon des témoins.

Selon plusieurs témoignages, les forces pro-Ouattara ont poursuivi leur route vers le sud, ne laissant qu'un petit détachement dans la capitale politique.

Un habitant de Toumodi (50 km au sud de Yamoussoukro) a assuré avoir entendu des tirs dans l'après-midi dans cette localité, située à environ 200 km d'Abidjan.

Sur le front est, les forces pro-Ouattara avancent rapidement, sans rencontrer de fortes résistances, s'approchant toujours un peu plus d'Abidjan, où de nouvelles recrues ont commencé mercredi à se faire enrôler dans l'armée du président sortant.

Sur le front ouest, ils visent désormais le port cacaoyer de San Pedro.

Plus de 400.000 tonnes de cacao sont bloquées depuis l'appel du camp Ouattara à cesser les exportations. Cette mesure a encore été renforcée par des sanctions occidentales. Le gouvernement Ouattara a mis en garde mercredi "tout exportateur" de cacao qui "collaborerait" avec le président sortant.

Le camp Gbagbo avait appelé mardi soir à un "cessez-le-feu immédiat", se déclarant prêt à des négociations avec le camp rival sous l'égide de l'Union africaine début avril à Addis Abeba.

Mais Anne Ouloto, porte-parole de M. Ouattara, a répondu en demandant aux partisans de M. Gbagbo de "déposer les armes", estimant que l'appel au cessez-le-feu était une "diversion".

Le pape Benoît XVI a de son côté annoncé sa décision d'envoyer un émissaire en Côte d'Ivoire pour encourager "la réconciliation et la paix" et a appelé à "un processus de dialogue constructif".