L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) essaie d’introduire une dimension scientifique au débat sur la sécurité alimentaire, alors que le Japon se bat encore contre un risque d'accident nucléaire.
Alors que les États édictent des interdictions ou des contrôles renforcés sur les importations de produits japonais, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) veut rassurer. Mercredi, elle a publié un document pour expliquer les effets des radiations nucléaires sur la nourriture.
Sous forme de questions/réponses, elle tente – en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé – de tordre le cou à certaines idées reçues. Ainsi, les produits en provenance du Japon ne présentent pas tous de risque pour la santé, selon le document. En outre, les aliments conditionnés avant le 11 mars ne peuvent être irradiés.
Les légumes à feuilles, premières victimes
"Pour parvenir à nos conclusions, nous nous sommes appuyés sur les résultats transmis par les autorités nippones", explique Jean-Michel Poirson, responsable de la sécurité alimentaire au sein de la FAO. Selon ces données, les aliments à plus fort risque sont les légumes à feuilles - brocolis, choux, laitues... "Dans un premier temps, la contamination se propage par l’air, notamment lors des averses, et se dépose sur les feuilles", confirme Jean-Michel Poirson.
Une seconde vague est à envisager. En effet, la matière radioactive s’immisce ensuite dans les sols et peut dès lors contaminer des racines - pommes de terre, carottes... Mais il serait trop tôt pour s’inquiéter. "D’abord, ce n’est pas la saison des récoltes. Ensuite, les autorités ont interdit toute culture dans les zones où une contamination a été observée", relativise Jean-Michel Poirson.
Les deux radiations envisageables
Ensuite, il y a plusieurs types de radiation. Deux éléments radioactifs entrent en ligne de compte, mais avec des effets différents. L’iode 131 – lié au cancer de la thyroïde – est celui dont les niveaux observés sont les plus élevés vis-à-vis des normes japonaises en termes de radiation. Bonne nouvelle : le niveau de contamination des aliments par l’iode 131 diminue assez rapidement. "En quelques semaines, le risque pour la santé disparaît presque intégralement", confirme Jean-Michel Poirson.
L’autre composant de ce duo radioactif est plus pernicieux. Le césium 137 peut résister pendant des années. Après la catastrophe de Tchernobyl, des sangliers qui avaient consommé des champignons irradiés sont devenus porteur de césium 137. C’est pourquoi le document de la FAO déconseille aux Japonais de chasser. "Selon les premiers résultats, la contamination au césium 137 est toutefois plus proche de la norme", souligne Jean-Michel Poirson.
Des interdictions d'exporter peu étonnantes
La FAO relève également que des niveaux de contamination élevés ont pu être observés jusqu’à 100 km de la préfecture de Myagi (où se trouve la centrale de Fukushima). "Mais il n’y a pas, pour l’instant, aucune indication selon laquelle des cultures en dehors du Japon ont été touchées", tempère Jean-Michel Poirson. Les interdictions d’importer émises par les Etats-Unis ou encore l’Australie n’étonnent pas ce spécialiste. Jeudi, Singapour a même déclaré avoir retrouvé des traces de radioactivité dans des aliments importés. "Le périmètre de ces mesures correspond aux aliments qui sont interdits à la vente aux Japon", explique-t-il.