logo

"L'énergie du cinéma israélien me rappelle la Movida espagnole des années 1980"

Ce mercredi s’ouvre le 11e Festival du cinéma israélien de Paris (23-29 mars), durant lequel plus de 20 films seront présentés. Entretien avec le parrain de cette édition 2011 : l'acteur et réalisateur français Pascal Elbé.

En plein cœur de la capitale française (23-29 mars), s'ouvre, mercredi, le 11e Festival du cinéma israélien de Paris au Cinéma des cinéastes. Au programme de ces sept jours : 13 longs métrages, pour la plupart inédits en France, et huit documentaires, dont "Precious Life" de Shlomi Eldar, lauréat de plusieurs prix. Entretien avec l’acteur, scénariste et réalisateur Pascal Elbé, parrain de cette 11e édition et inconditionnel du 7e art israélien.

FRANCE 24 : Est-ce la première fois que vous parrainez un festival de cinéma ?

Pascal Elbé : J’ai déjà participé à des festivals en qualité de juré. C’est une activité que j’apprécie mais que je ne peux pas toujours accepter. Nous, acteurs et cinéastes, sommes tellement sollicités que nous pourrions y passer notre vie. Mais pour le Festival du cinéma israélien de Paris, c’est différent : assurer une mission d’ambassadeur d’un cinéma que j’aime reste un honneur.

F24 : Que représente pour vous le cinéma israélien ?

Pascal Elbé : C’est un cinéma que je suis depuis plusieurs années en tant que spectateur mais aussi en tant que réalisateur et raconteur d’histoires. J’ai vu beaucoup de films israéliens dont l’énergie et l’esprit critique me rappellent le cinéma italien de l’après-guerre ou la Movida espagnole des années 1980. Aujourd’hui, ce sont des longs métrages comme "Lebanon" ou "Valse avec Bachir" qui nourrissent ma réflexion.

Il existe actuellement une génération de cinéastes israéliens qui a trouvé une liberté de ton et de langage que je ne peux que jalouser. Au début, le cinéma israélien était un cinéma d’État propagandiste qui a libéré sa parole en même temps que la jeunesse s’affranchissait du poids des conventions. Aujourd’hui, toute une génération d’individus peut, en Israël, dire haut et fort ce qu’elle pense, exprimer ses doutes et ses réserves sur la société dans laquelle elle évolue.

F24 : Qu’est-ce que le cinéma israélien peut, selon vous, apporter au cinéma français ?

Pascal Elbé : Son énergie, sa curiosité, son engagement. Quand on est citoyen israélien, on a forcément un regard sur les choses puisqu’on les éprouve. En France, c’est différent. Une histoire d’amour qui se passe en Israël n’aura forcément pas le même écho qu’une histoire d’amour se déroulant aux abords du jardin du Luxembourg à Paris. Le cinéma est la vitrine d’une culture. Or la culture française est devenue moribonde, sclérosée. La littérature française, par exemple, compte aujourd’hui deux ou trois auteurs majeurs et on cherche encore les autres. En Israël, il y en a plein. Je ne suis pas dans une logique du "c’était mieux avant", car je ne sais pas comment c’était avant, mais je trouve que c’est mieux à côté.

F24 : Seriez-vous donc prêt à travailler "à côté" ?

Pascal Elbé : En tant que réalisateur, j’ai déjà eu la chance de travailler avec l’actrice Ronit Elkabetz à qui j’avais fait appel pour mon film "Tête de Turc". En tant qu’acteur, j’aimerais bien évidemment collaborer avec des cinéastes israéliens. Je pars prochainement pour un mois et demi de tournage en Israël aux côtés de la comédienne Emmanuelle Devos. Le film narre l’histoire de deux familles, l'une palestinienne, l'autre israélienne qui, sans le savoir, partagent un même enfant. Il s’agit d’une co-production franco-israélienne qui sera réalisée par Lorraine Lévy sur un scénario signé Yasmina Khadra. Un beau mélange...
Et mon deuxième film en tant que réalisateur se passera lui aussi en partie en Israël.

Photos extraites des films (de haut en bas et de gauche à droite) : "Le messie viendra toujours", "Precious Life", "Sea Salt" et "The Matchmaker".

Tags: Israël, Cinéma,