Candidat probable à la prochaine présidentielle et partisan d'un rejet de la réforme constitutionnelle qui fait l'objet d'un référendum ce samedi, l'ancien patron de l'AIEA a été caillassé a son arrivée dans un bureau de vote de l'est du Caire.
AFP - Quelques centaines d'habitants d'un quartier défavorisé du Caire, pour la plupart des islamistes, ont jeté des pierres samedi sur l'opposant Mohamed ElBaradei devant un bureau de vote où il comptait voter pour le référendum constitutionnel, selon des journalistes de l'AFP.
M. ElBaradei a été atteint par au moins une pierre dans le dos et par des jets d'eau et a rapidement quitté les lieux en voiture.
Son frère Ali a assuré à l'AFP qu'il n'avait pas été blessé.
M. ElBaradei, qui arrivait de l'aéroport après une courte visite en Inde, s'est présenté dans l'après-midi devant un bureau de vote dans une école du Moqattam, dans l'est du Caire, où il comptait voter comme les centaines de personnes qui attendaient pour mettre leur bulletin dans l'urne.
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Entouré par de nombreux journalistes et une poignée de partisans, l'ancien directeur de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a tenté d'avancer vers le bureau de vote, mais des habitants ont commencé à crier "On ne veut pas de toi!".
Plusieurs d'entre eux ont jeté des chaussures et de l'eau dans sa direction. Lorsqu'il a rebroussé chemin, entre 200 et 300 personnes ont commencé à courir derrière lui en jetant des pierres.
"Il vit aux Etats-Unis et veut nous gouverner, c'est hors de question", a lancé une habitante du quartier, furieuse.
"C'est un agent des Américains, la guerre en Irak c'est à cause de lui", a lancé une autre. Cette accusation est fréquemment lancée contre M. ElBaradei depuis qu'il a fait l'objet d'une virulente campagne de dénigrement de la part des médias gouvernementaux à son retour en Egypte l'an dernier.
Diplomate de carrière, M. ElBaradei, prix Nobel de la Paix en 2005, a dirigé l'AIEA, basée à Vienne, avant de se lancer dans des activités politiques en Egypte.
M. ElBaradei est partisan d'un rejet de la révision constitutionnelle soumise à référendum samedi, estimant qu'elle ne suffit pas pour assurer une transition démocratique en Egypte après la chute du président Hosni Moubarak le 11 février.
Il a fait savoir récemment qu'il serait candidat à la présidence égyptienne si des réformes garantissant la démocratisation du système étaient adoptées.
M. ElBaradei était de retour d'un voyage en Inde où il a participé vendredi à un congrès.
C'est dans le quartier du Moqattam que des affrontements entre chrétiens et musulmans ont fait au moins 13 morts il y a dix jours, après le rassemblement d'un millier de Coptes (chrétiens d'Egypte) qui protestaient contre l'incendie d'une église au sud du Caire dans des violences confessionnelles.