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Le roi instaure l'état d'urgence pour une durée de trois mois

Le monarque bahreïni a proclamé l'état d'urgence pour une durée de trois mois dans le royaume. Une décision qui intervient au lendemain de l'arrivée de soldats saoudiens venus prêter main forte au régime, aux prises avec une contestation chiite.

REUTERS - La loi martiale a été imposée mardi pour trois mois à Bahreïn, au lendemain de l'arrivée d'un millier de soldats saoudiens dans le petit royaume du Golfe en proie à une révolte de la majorité chiite contre la dynastie sunnite des Khalifa.

Malgré cette décision, les affrontements entre policiers et des milliers de manifestants se sont poursuivis, faisant au moins deux morts, un civil bangladais à Sitra et un membre des forces de sécurité bahreïnies à Maamir, et plus de 200 blessés.

L'intervention saoudienne, à la demande des autorités de Manama, a été vivement dénoncée par l'Iran, qui la juge "inacceptable". Bahreïn a rappelé son ambassadeur en poste à Téhéran.

Le Wefak, principal groupe d'opposition chiite dans le royaume, a condamné l'imposition de la loi martiale et demandé à la communauté internationale de "prendre ses responsabilités".

Les Etats-Unis, dont Bahreïn sert de base à la Ve Flotte de l'US Navy, ont recommandé à leurs ressortissants de quitter le pays.

La Maison blanche a appelé les Bahreïnis à trouver une solution politique à la crise, soulignant que le recours à la force, de quelque côté que ce soit, ne ferait qu'aggraver la situation.

"Une chose est claire: il n'y a pas de solution militaire aux problèmes de Bahreïn. Il est nécessaire de trouver une solution politique et toutes les parties doivent chercher à engager un dialogue pour répondre aux besoins de tous les citoyens", a dit le porte-parole de la présidence américaine Tommy Vietor.

Londres a fait part de son inquiétude devant l'escalade de la violence et l'instauration de la loi martiale. Le secrétaire au Foreign Office a appelé toutes les parties à la retenue.

"Toutes les mesures nécessaires"

La télévision publique bahreïnie a annoncé que le roi avait "autorisé le commandant des forces de défense de Bahreïn à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer la sécurité du pays et des citoyens". On ignore le détail des mesures qui seront prises, notamment si un couvre-feu sera imposé.

Lundi, un long convoi de soldats saoudiens est entré à Bahreïn en empruntant le pont-digue de 25 km qui relie l'Arabie saoudite et le royaume. Les Emirats arabes unis ont également décidé l'envoi de 500 policiers sur place.

"La présence de forces étrangères et l'ingérence dans les affaires intérieures de Bahreïn sont inacceptables et ne feront que compliquer la situation", a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères, Ramin Mehlmanparast.

"Les gens ont des revendications légitimes et ils les expriment pacifiquement. Il importe de ne pas y répondre par la violence (...)", a-t-il ajouté.

Manama a répliqué en dénonçant à son tour une "ingérence flagrante" de l'Iran dans ses affaires intérieures et a rappelé pour consultations son ambassadeur en poste à Téhéran.

Les chiites, qui représentent plus de 60% de la population de Bahreïn, se disent victimes de discriminations de la part de la famille régnante sunnite des Khalifa, qui a fait appel au
Conseil de coopération du Golfe (CCG) pour l'aider à ramener le calme.

Barricades

Dimanche, les manifestants chiites avaient débordé les policiers et bloqué la grande artère menant au quartier financier de la capitale Manama, lors de heurts parmi les plus violents depuis le début de la contestation en février.

Des violences intercommunautaires ont éclaté dans la nuit de lundi à mardi. Un groupe armé s'en est pris à l'imprimerie du seul journal d'opposition, Al Wasat. Sunnites et chiites se sont rejeté la responsabilité des attaques menées par des groupes de jeunes.

Les heurts à coups de barres de fer, de couteaux et de pierres sont devenus monnaie courante, jour après jour, et l'université de Bahreïn et de nombreuses écoles ont dû fermer
leurs portes.

Les barricades de métal et les tas de sable et de pierres obstruaient toujours mardi l'avenue menant au quartier financier de Manama.

Près de la place de la Perle, épicentre des manifestations, des opposants, qui comparent l'intervention saoudienne à une "occupation", contrôlent les identités et laissent passer certaines voitures.

Signe d'un possible apaisement, des représentants de l'opposition disent avoir été reçus par le prince héritier afin de discuter de la façon de mettre en place un dialogue national.

L'opposition reste quoi qu'il en soit divisée entre modérés et radicaux concernant l'avenir de la royauté.