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Michel Desjoyeaux triomphe en 84 jours

Le Français Michel Desjoyeaux, sur Foncia, a franchi la ligne d'arrivée du sixième Vendée Globe en vainqueur. À 43 ans, il remporte pour la deuxième fois ce tour du monde en monocoque en solitaire, sans escale et sans assistance.

AFP - Michel Desjoyeaux, vainqueur dimanche à 43 ans de son deuxième Vendée Globe, est un implacable compétiteur au perfectionnisme légendaire, surnommé "le professeur" par les autres skippeurs, qui l'admirent, le redoutent mais aussi s'irritent parfois de sa façon d'afficher sa supériorité.

"C'est le plus grand navigateur qu'il y ait jamais eu, un personnage exceptionnel", disait de lui dimanche matin Vincent Riou, vainqueur de la précédente édition du Vendée Globe.

Sa force, Desjoyeaux la puise dans ses goûts pour la confrontation -- "S'il n'y a pas de concurrence, il n'y a pas de réponse à tes questions" -- et pour l'invention et l'innovation. "Je suis un passionné de sports mécaniques, je ne suis pas un aventurier", assène-t-il, "je suis passionné par la technologie et je fais de la compétition pour valider ce sur quoi je travaille".

Autodidacte, mais capable de faire tous les métiers nécessaires sur un bateau de course, infatigable et insensible à l'inconfort, il a démontré durant ce Vendée Globe qu'il était aussi un maître de la guerre psychologique, si importante dans les courses en solitaire.

Parti avec 40 heures de retard en novembre en raison d'une avarie, Desjoyeaux a refait son retard en moins de quatre semaines. Premier commentaire au moment où il rejoint le groupe de tête: "Je ne m'attendais pas à revenir aussi vite sur eux. Une chose est sûre, mes petits camarades de devant ne sont pas à 100%". Sympa pour eux!

"Le bonheur, ça se construit"

Quelques jours plus tard, il enfonce le clou dans une interview: "Je me suis demandé : +Qu'est ce qu'ils foutent, bon Dieu!+  Que veux-tu que je fasse? Je ne vais pas choquer (ralentir) car les mecs vont moins vite que moi!".

"Je ne sais pas s'il s'en rend compte mais ça peut être mal perçu par les gens qui sont en train de se battre sur l'eau comme lui", a réagi Marc Guillemot (Safran), actuel cinquième de la course.

"Il est déjà tellement fort, il n'a pas besoin de ça", renchérit Riou, "mais ça fait partie du personnage. Etre entraîné dans la spirale du succès, ça a forcément des conséquences sur le comportement des gens..."

Car Desjoyeaux n'avait pas attendu ce Vendée Globe pour se bâtir le plus beau palmarès de l'histoire de la course au large en solitaire: trois solitaires du Figaro, deux Transat anglaises, un premier Vendée Globe en 2001, une Route du Rhum...

A terre, "le professeur" n'est pourtant pas un solitaire, et sait faire profiter de ses conseils les jeunes skippeurs talentueux qui s'entraînent avec lui à longueur d'année à Port-la-Forêt, dans le Finistère. "Mich est mon héros, je suis super-contente qu'il gagne", s'enthousiasmait ainsi samedi Sam Davies (Roxy), quatrième du classement.

Breton attaché à sa terre, sixième d'une fratrie de sept enfants, ce sportif professionnel cultive volontiers l'image d'un marin rustique "à l'ancienne". Mais derrière la carapace se cache un homme profondément optimiste et lucide à la fois: "J'ai la chance de vivre de ma passion", répète-t-il souvent, tout en apprenant à ses trois enfants que "le bonheur, ça se construit, ça ne vient pas tout seul..."