
Mouammar Kadhafi et ses forces ne contrôlent plus que Tripoli et sa région. Les principaux champs de pétrole libyens sont désormais sous le contrôle de l'opposition. L'armée américaine se positionne dans la région.
AFP - L'opposition contrôlait lundi de vastes territoires en Libye, y compris les principaux champs de pétrole, le colènel Kadhafi restant sourd à la pression croissante de la communauté internationale qui étudiait toutes les options y compris militaires.
itAu 14e jour d'un soulèvement sans précédent, Mouammar Kadhafi et ses forces ne contrôlent plus que Tripoli et sa région. Selon le commissaire européen à l'Energie Gunther Oettinger, les principaux champs de pétrole libyens sont désormais "sous le contrôle de tribus et de forces provisoires qui ont repris le pouvoir".
L'opposition a annoncé la reprise imminente des exportations de pétrole à partir de l'est du pays qu'elle contrôle, avec le départ d'un bateau à destination de la Chine.
La communauté internationale s'interrogeait sur les moyens de mettre fin à l'instabilité dans le pays et réfléchissait notamment à une interdiction de l'espace aérien.
L'armée américaine positionne des forces navales et aériennes autour de la Libye, a indiqué le Pentagone, précisant que ses planificateurs étudiaient diverses solutions.
"Nous sommes en train de repositionner des forces en vue d'avoir la flexibilité nécessaire une fois que les décisions auront été prises", a indiqué le porte-parole du Pentagone, Dave Laplan.
La chef de la diplomatie Hillary Clinton a précisé qu'aucune action militaire impliquant des navires américains n'était prévue dans le pays.
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Un porte-parole de la Maison blanche a considéré que "l'exil" du dirigeant était également "une possibilité".
Le président Barack Obama recevait pour sa part le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon pour évoquer la situation.
En France, le Premier ministre François Fillon a indiqué que toutes les options étaient à l'étude, dont celle de l'interdiction du survol du territoire libyen qui nécessiterait toutefois l'implication de l'Otan et l'approbation de l'ONU. "Je sais qu'on évoque des solutions militaires, ces solutions font l'objet d'évaluation de la part du gouvernement français", a-t-il affirmé.
L'Italie s'est déclarée favorable à une interdiction du survol de la Libye.
Après l'ONU et les Etats-Unis, l'Union européenne a adopté lundi un embargo sur les armes contre la Libye ainsi qu'un gel des avoirs et des interdictions de visa contre le colonel Kadhafi et 25 de ses proches.
Les Etats-Unis ont bloqué 30 milliards de dollars d'actifs libyens depuis les sanctions annoncées vendredi par la Maison Blanche, a indiqué un haut responsable du Trésor à Washington.
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Des informations, obtenues auprès de témoins, sur des raids aériens des forces loyales à Kadhafi ont été démenties par les autorités libyennes.
Ces derniers jours, des vols soupçonnés d'être liés à un trafic d'armes entre le Bélarus et la Libye ont été repérés par l'Institut international de recherche pour la paix de Stockholm.
Face à la pression croissante de la communauté internationale, M. Kadhafi, au pouvoir depuis plus de 40 ans, est resté inflexible.
"Mon peuple m'adore. Ils mourraient pour me protéger", a-t-il affirmé dans un entretien avec la chaîne de télévision ABC.
L'Occident se prépare à aider les opposants, qui ont créé un "Conseil national indépendant" chargé de représenter "les villes libérées".
Cet organe sera "le visage de la Libye pendant la période de transition", a déclaré son porte-parole Abdelhafez Ghoqa, alors que l'UE a indiqué être en train "d'établir des contacts" avec les autorités de transition libyennes.
"Nous comptons sur l'armée pour libérer Tripoli", a ajouté M. Ghoqa.
En dehors de l'Est, l'opposition revendique le contrôle de plusieurs villes autour de la capitale et dans l'Ouest, dont Nalout (230 km à l'ouest de Tripoli) et Zawiyah (60 km à l'ouest de la capitale).
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Les villes stratégiques de Misrata, à l'Est, et Gherien, au Sud, semblent aussi sous contrôle de l'opposition.
A Tripoli, des postes de contrôle ont été mis en place dans et autour de la capitale par les militants pro-Kadhafi et le pain et l'essence y étaient rationnés, selon un habitant.
Au-delà des sanctions, Hillary Clinton a réclamé lundi que soient préparées "des mesures supplémentaires pour que le gouvernement Kadhafi rende des comptes, pour fournir une aide humanitaire et pour soutenir le peuple libyen dans sa quête d'une transition vers la démocratie".
Les Etats-Unis vont envoyer deux équipes humanitaires aux frontières de la Libye avec la Tunisie et l'Egypte, a-t-elle annoncé, alors que la Croix Rouge internationale a exigé un accès immédiat à l'ouest de la Libye.
La France va envoyer deux avions à Benghazi pour apporter de l'aide humanitaire, et le Programme alimentaire mondial a annoncé l'expédition de 80 tonnes de biscuits énergétiques.
Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI), Luis Moreno-Ocampo, mène un examen préliminaire sur les violences en Libye, préalable à une éventuelle enquête pour crimes contre l'humanité.
Le chef de l'ONU Ban Ki-moon a parlé d'un bilan d'un millier de morts.
Près de 110.000 personnes, majoritairement des travailleurs égyptiens et tunisiens, ont déjà fui le pays, selon le Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (HCR).
Les prix du pétrole ont reculé lundi à New York, l'engagement de l'Arabie saoudite à assurer la stabilité d'un marché inquiet pour la production de brut en Libye ayant apaisé certaines tensions.
Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de "light sweet crude" pour livraison en avril a terminé à 96,97 dollars, en recul de 91 cents par rapport à vendredi.