Des dizaines de milliers de manifestants se sont réunis, jeudi matin, à Sanaa, pour manifester contre le régime du président Ali Abdallah Saleh. Le rassemblement se tient à proximité d'un autre mouvement mené par des partisans pro-Saleh.
Les opposants au gouvernement d'un côté, les partisans de l'autre... Deux manifestations sont en cours ce jeudi matin dans la capitale yéménite. Près de l'université de Sanaa, dans l'ouest de la ville, plus de 20 000 personnes exigent la mise en œuvre de réformes démocratiques. Il s'agit du rassemblement le plus important depuis le début du mouvement de contestation, initié il y a deux semaines.
"La manifestation de l'opposition a commencé vers 10 heures ce matin, explique Charlotte Velut, correspondante de FRANCE 24 à Sanaa. Contrairement à ce qui se passe au Caire, le rassemblement est très pacifique. Les manifestants ont d'ailleurs tenu à se vêtir de rose. Ils réclament avant tout des réformes fiscales et économiques et du changement."
D'autres rassemblements, organisés par l'opposition, sont prévus ce jeudi dans d'autres villes du pays.
Un discours conciliant du président Saleh
Le parti au pouvoir - le Congrès populaire général (CPG) - a quant à lui mobilisé ses partisans, rassemblés depuis tôt ce matin place Tahrir, dans le centre de Sanaa - là où l'opposition avait à l'origine prévu de manifester. Préférant éviter la confrontation, celle-ci s'est choisie un nouveau lieu de rassemblement, devant l'université.
"Non aux destructions, non à la sédition", clament les partisans du CPG, "par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour le Yémen".
Mercredi, le président yéménite Ali Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 32 ans, a promis de ne pas se représenter lors de la présidentielle prévue en 2013. Il a également exclu que son fils puisse lui succéder. "Je ne vais pas faire preuve d'orgueil et je vais présenter les concessions l'une après l'autre dans l'intérêt national", a ajouté le président lors de son discours.
Des annonces qui ne satisfont pas les manifestants
Ces déclarations ont été saluées par les États-Unis, qui les ont jugées "positives". "Nous accueillons favorablement toutes les décisions du président Saleh faisant progresser politiquement le Yémen par des moyens non violents et démocratiques", a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Philip Crowley.
Mais ces annonces n'ont pas satisfait les contestataires, réunis à Sanaa alors que le président Saleh a appelé mercredi à annuler cette manifestation. "Nous allons accentuer la pression sur le président qui devra faire davantage de concessions", a lancé ce jeudi Wael Mansour, l'un des organisateurs du rassemblement.