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Albert II confie la médiation de la crise au ministre des Finances

Après la démission du socialiste flamand Johan Vande Lanotte, le roi des Belges a chargé le ministre des Finances sortant, Didier Reynders (photo), de trouver une issue à la crise politique qui prive le pays d'un gouvernement.

AFP - Le roi des Belges a effectué mercredi une nouvelle tentative de sortie de la crise politique qui ébranle le pays, en confiant à une personnalité jusqu'ici exclue des négociations le soin de trouver un terrain d'entente entre Flamands et francophones.

Albert II a confié cette énième mission de conciliation entre les deux grandes communautés nationales au libéral francophone et ministre des Finances sortant Didier Reynders, selon un communiqué du Palais.

Le souverain belge a chargé le président du Mouvement Réformateur (MR) de "l'informer, d'ici au 16 février, sur les possibilités d'arriver à un accord" sur les questions institutionnelles, qui bloquent la formation d'un nouveau gouvernement depuis les élections du 13 juin 2010.

La mission de M. Reynders portera en particulier sur l'épineuse question de l'arrondissement électoral bilingue de Bruxelles-Hal-Vilvorde (dit "BHV") et sur le "refinancement de Bruxelles", la plus petite des trois régions belges, confrontée à des difficultés financières structurelles.

Le leader libéral devra également tenter d'arracher un accord sur le transfert de compétences supplémentaires de l'Etat fédéral vers les régions (Flandre, Wallonie et Bruxelles) et sur leur mode de financement, ainsi que sur le "financement dans la durée de l'Etat fédéral", selon le Palais.

Le médiateur précédent de la crise nommé par le roi, le socialiste flamand Johan Vande Lanotte, avait jeté l'éponge le 26 janvier. Il avait échoué pendant trois mois à rapprocher les points de vue entre francophones et néerlandophones sur les contours d'une autonomie régionale renforcée réclamée par la Flandre.

Les Flamands, aiguillonnés par le parti indépendantiste N-VA, vainqueur des élections en juin 2010, réclament une autonomie très poussée pour les régions, que refusent les francophones.

Le retour dans les négociations des libéraux est réclamé depuis des mois par le chef de la N-VA, Bart De Wever, qui défend un programme économique d'orientation libérale.

En revanche, la présence dans les rangs du parti de M. Reynders du FDF, une formation en pointe dans la défense des droits des francophones, risque de compliquer un peu plus la recherche d'un compromis avec les Flamands sur les questions institutionnelles.

Plus tôt dans la journée, le roi avait demandé au Premier ministre sortant, le chrétien-démocrate flamand Yves Leterme, chargé d'expédier les affaires courantes depuis les élections, de prendre "les dispositions nécessaires" pour maintenir l'économie belge sur les rails.

La crise politique belge inquiète les marchés financiers. Elle dure depuis 234 jours et se rapproche du record du monde de durée détenu par l'Irak, un pays avait mis 289 jours en 2010 à se doter d'un gouvernement.

Pour rassurer les milieux économiques, qui pointent notamment l'ampleur de la dette publique, et alors ses prérogatives sont en principe limitées, l'équipe d'Yves Leterme a été chargée par le roi de "présenter au Parlement le budget 2011".

Le souverain a également demandé au gouvernement sortant de "prendre les dispositions nécessaires pour répondre dans un proche avenir aux exigences européennes en matière de politique budgétaire et de réformes structurelles pour les prochaines années".

Enfin, M. Leterme a été chargé par Albert II de "prendre toutes les mesures nécessaires sur le plan économique, social et financier pour préserver le bien-être des citoyens", pour répondre à une population de plus en plus inquiète des conséquences de la crise politique.