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La crise de la zone euro agite les débats de Davos

À l'occasion du Forum économique mondial, les pays les plus fragiles de la zone euro plaident pour une plus grande solidarité entre les Vingt-Sept. De son côté, l'Allemagne dit préférer que chacun s'efforcent de réduire ses propres déficits.

AFP - La zone euro a de nouveau agité les esprits à Davos (Suisse), où elle est apparue plus que jamais tiraillée par des divergences sur le moyen d'en finir une fois pour toutes avec la crise de la dette en Europe.

La zone euro doit-elle trouver son salut dans une plus forte intégration européenne, en organisant par exemple une véritable union de transferts de richesses des pays les plus riches vers les plus pauvres ? Ou bien doit-elle s'orienter vers une restructuration des dettes --autrement dit en pratique leur réduction--, à commencer par celles de la Grèce ?

C'est en substance le dilemme présenté par un haut responsable de la zone euro à un parterre de ministres européens et de décideurs, réunis pour un déjeuner informel à l'occasion de la grand messe de Davos.

Entre ces deux options, l'Europe hésite. Pourtant, en dépit de l'accalmie relative sur les marchés, "le temps presse", selon certains dirigeants européens, s'exprimant sous couvert de l'anonymat, comme c'est la règle lors de la plupart des débats organisés à Davos.

La première option, défendue par les pays dits périphériques qui y ont intérêt, comme la Grèce, le Portugal et l'Espagne, est clairement rejetée par l'Allemagne, principal bailleur de fonds en Europe.

Celle-ci prône le respect des règles et conditionne son aide à des mesures drastiques d'assainissement budgétaire.

De l'autre côté, une restructuration de la dette est défendue par nombre d'économistes, qui estiment que certains pays de la zone euro, à commencer par la Grèce n'auront pas d'autre choix en raison de l'endettement massif dont ils sont victimes.

Le sujet reste tabou en Europe et toutes les rumeurs ou informations de presse évoquant cette éventualité, y compris en Allemagne, sont immédiatement démenties.

"Cela provoquerait un "traumatisme épouvantable", a jugé vendredi un haut responsable européen. Cette option a de nouveau été rejetée jeudi par le Premier ministre grec Georges Papandreou.

"Nous ne sommes pas en train de nous diriger vers une restructuration. Nous avons un chemin très clair, une feuille de route pour sortir de notre problème de dette", a déclaré M. Papandreou devant un parterre de décideurs venus du monde entier à l'occasion du 41e Forum économique mondial (WEF).

La Grèce, a rappelé son Premier ministre, a fait ce qui était nécessaire, et elle compte désormais sur la solidarité de ses partenaires. "Il ne s'agit pas seulement de la Grèce, même pas de solidarité, cela concerne les conditions pour la stabilité" en Europe, a fait valoir sur ce sujet un haut-responsable européen.

La solidarité s'organise pourtant autour du Fonds européen de stabilisation financière, créé au printemps dernier, et qui doit être pérénnisé en 2013. Mais là encore, les avis divergent. Certains responsables européens recommandent en privé son doublement, invoquant la nécessité d'avoir "des liquidités, massivement au-delà de ce qui est nécessaire" pour calmer les marchés.

Il est doté aujourd'hui de 440 milliards d'euros de garanties de prêts, soit une capacité de prêts d'environ 250 milliards. Le commissaire européen aux Affaires économiques, Olli Rehn, a confirmé vendredi dans un entretien au Wall Street Journal que cette capacité de prêt serait augmentée, mais pas le montant total.

Une décision est attendue en mars, à l'occasion d'un sommet européen.

L'ultime chemin, qui ferait oublier la crise de la dette, serait celui de la croissance. Mais les Européens sont encore à la traîne avec une progression modeste de 1,5% attendu en 2011 dans la zone euro, contre 4,4% pour l'ensemble de la planète, selon le Fonds monétaire international (FMI).

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