Dans un entretien exclusif sur FRANCE 24, le chef du mouvement islamiste Ennahdha, Rached Ghannouchi, annonce rentrer à Tunis dans les prochains jours. Il rejette le gouvernement actuel et appelle à l’élection d’une assemblée constituante.
Rached Ghannouchi, chef en exil du parti islamiste tunisien Ennahdha, annonce sur FRANCE 24 qu’il va rentrer dans les prochains jours en Tunisie. De Londres, où il vit en exil depuis 1989, il assure avoir reçu son passeport tunisien, lui permettant de rentrer définitivement dans son pays, "peut-être d’ici quatre ou cinq jours".
Il indique par ailleurs vouloir quitter la tête du parti islamiste Ennahdha. Ce mouvement politique, interdit en Tunisie sous le régime Ben Ali, avait recueilli 17% des suffrages sous une étiquette "indépendante" lors des élections législatives de 1989. Le mouvement politique vient d'être réhabilité par le gouvernement de transition dirigé par Mohammed Ghannouchi.
Rached Ghannouchi dit quitter la présidence d'Ennahdha pour laisser la place à "une génération politique plus jeune et plus apte" que lui. Il assure "ne pas avoir d’ambition pour occuper un poste quelconque au niveau du gouvernement". Toutefois, il dit vouloir continuer le combat politique "jusqu’à ce que nous soyons sûrs que le changement démocratique soit fait".
"Si la Constitution ne change pas, un dictateur similaire [à Ben Ali] viendra"
Le gouvernement actuel est jugé par Rached Ghannouchi comme un "prolongement du régime précédent. La majorité des visages sont ceux du précédent régime." Remet-il en cause la légitimité de Mohammed Ghannouchi ? "Oui, c’est une ultime provocation qu’il reste en place. Je n’ai pas de réserve personnelle sur M. Ghannouchi, mais il a été le Premier ministre d’un dictateur dans ses pires moments."
Le chef historique du mouvement islamiste Ennahdha propose de "fonder une assemblée constituante, qui élaborera une nouvelle Constitution pour un véritable régime démocratique. (…) Si la Constitution ne change pas, un nouveau dictateur similaire viendra, comme la Constitution de Bourguiba a donné la Constitution de Ben Ali. Nous ne voulons pas de dictature, ni au nom du nationalisme, ni au nom de l’islamisme, ni au nom de la modernité."
À propos du programme politique et religieux défendu en Tunisie par Ennahdha, Rached Ghannouchi assure "ne pas vouloir instaurer un État islamique". "Nous n’appelons pas à appliquer la charia. Nous appelons à la liberté et à une véritable démocratie moderne", ajoute-t-il.