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Hu Jintao concède qu'il reste "beaucoup à faire" sur les droits de l'Homme

Accueilli en grande pompe à Washington où il est en visite officielle, le président chinois a été contraint de répondre à une question sur les droits de l'Homme en Chine posée lors de la conférence de presse qu'il a donnée avec Barack Obama.

AFP - Les droits de l'homme se sont invités mercredi à la visite d'Etat de Hu Jintao à Washington, qui a vu le président chinois et son homologue américain Barack Obama afficher la volonté de dépasser les "frictions" commerciales sur fond de juteux contrats.

"La Chine reconnaît mais aussi respecte l'universalité des droits de l'homme mais en même temps nous pensons que nous devons tenir compte des différentes circonstances nationales en matière de droits de l'homme", a déclaré M. Hu lors d'une conférence de presse commune avec le président américain.

"La Chine est un pays en développement avec une population très importante et aussi un pays en développement qui traverse une phase de réformes cruciale", a-t-il ajouté, tout en admettant, après avoir été plusieurs fois sollicité par les journalistes américains, que "beaucoup rest(ait) à faire en Chine" sur ce dossier et en promettant d'améliorer la situation.

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Hu Jintao concède qu'il reste "beaucoup à faire" sur les droits de l'Homme

De son côté, M. Obama a assuré avoir été "très franc" pour signifier à M. Hu les opinions américaines "sur l'universalité de certains droits, de la liberté d'expression, de religion et d'association". Il a aussi souhaité "le dialogue entre la Chine et le dalaï lama pour résoudre les divergences en préservant l'identité religieuse du peuple tibétain", alors que plusieurs centaines de militants de cette cause manifestaient devant la Maison Blanche.

En revanche, le nom du dissident chinois emprisonné et prix Nobel de la Paix Liu Xiaobo n'a pas été prononcé pendant la conférence de presse.

45 milliards de dollars de contrats

M. Obama, qui rencontrait M. Hu pour la huitième fois en deux ans et a participé avec lui à un sommet avec des chefs de grandes entreprises américaines, a dit espérer que les deux pays pourraient laisser derrière eux les "frictions" du passé et "nous détacher des vieux stéréotypes".

M. Hu a pour sa part promis que son pays allait stimuler sa demande intérieure et sa consommation, traiter les entreprises américaines dûment immatriculées en Chine sur un pied d'égalité, et salué "l'avenir prometteur" du commerce entre les deux pays.

Washington a d'ailleurs annoncé la signature par la Chine de contrats évalués à 45 milliards de dollars avec des entreprises américaines, dont une commande de 200 avions Boeing d'une valeur totale estimée à 19 milliards, répondant au souhait de M. Obama de voir les Américains profiter davantage de l'expansion économique de la Chine, qui pourrait avoir connu une croissance à deux chiffres en 2010, selon des statistiques officieuses.

Les pommes de discorde : monnaies, propriété intellectuelle, nucléaire

Lors de la conférence de presse, M. Obama n'a pas passé sous silence les points de discorde, comme la sous-évaluation de la monnaie chinoise, réclamant à nouveau un "ajustement". Il a toutefois salué "la souplesse accrue de la Chine en matière de changes" et la disposition de Pékin à lutter contre le vol de propriété intellectuelle.

Mais MM. Hu et Obama ont aussi mentionné leurs points de convergence, en particulier sur les dossiers nucléaires nord-coréen et iranien, le président chinois disant en outre souhaiter davantage de coopération entre les armées chinoise et américaine.

Les dirigeants doivent se retrouver en soirée pour un très protocolaire dîner d'Etat, seulement le troisième en deux ans de présidence Obama.

Invitée, sur la chaîne ABC, à dire si les deux géants du début du XXIe siècle étaient amis ou ennemis, la secrétaire d'Etat Hillary Clinton a expliqué que "si nous déroulons le tapis rouge pour le président Hu, c'est qu'il nous semble que nous pourrons mieux répondre à cette question en avançant".

"Mon espoir, c'est que nous ayons une relation normale", a-t-elle ajouté, tandis que le chef de la majorité démocrate au Sénat et allié de M. Obama, Harry Reid, laissait transparaître la méfiance de bon nombre d'Américains envers la Chine en qualifiant M. Hu de "dictateur", avant de se rétracter.