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Dans la rue comme sur la Toile, la mobilisation des Tunisiens ne faiblit pas

Malgré le départ du président déchu et la formation d'un nouveau gouvernement d'union nationale, les Tunisiens restent mobilisés, dans la rue comme sur la Toile, pour demander la dissolution du RCD, le parti historique de Ben Ali.

"Dégage !" La formule familière est devenue le mot d’ordre de la révolution tunisienne. Après avoir réussi à chasser Ben Ali de la présidence, les Tunisiens restent mobilisés pour "dégager" le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), le parti du président déchu, au pouvoir pendant vingt-trois ans.

Si le départ de l'ancien dictateur est considéré comme une première victoire, les tensions sont loin de s’apaiser. À l'instar de plusieurs responsables d'opposition, de nombreuses voix s'élèvent en Tunisie pour protester contre le maintien d'anciens membres du gouvernement de Ben Ali.
Le couvre-feu, qui s’applique désormais de 20 heures à 5 heures, et le maintien des mesures d’urgence (interdiction de rassemblement sur la voie publique de plus de trois personnes et autorisation donnée aux forces de l'ordre de tirer sur les personnes prenant la fuite lors de contrôles), n’ont pas découragé les manifestants.
À Sfax, Bizerte, Sousse et Monastir, les opposants manifestaient mardi devant les sièges du parti au pouvoir aux cris de "RCD out !". À Tunis, plus de mille manifestants protestent ce mercredi contre le gouvernement de transition mis en place lundi.
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Dans la rue comme sur la Toile, la mobilisation des Tunisiens ne faiblit pas
"Il y a environ une dizaine de groupes d’une centaine de personnes, éparpillées par –ci, par-là, aux environs de l’avenue Bourguiba, qui brandissent des pancartes ‘RCD out !’", raconte Virginie Herz, envoyée spéciale de FRANCE 24 à Tunis.
Face aux pressions de la rue, le RCD a radié de ses rangs, mardi, l'ex-chef de l'État et six de ses collaborateurs. Le président tunisien par intérim, Fouad Mebazaa, et le Premier ministre, Mohammed Ghannouchi ont, quant à eux, démissionné du parti pour assurer le peuple de leur neutralité. Mais pour les Tunisiens, qui souhaitent purger totalement le gouvernement des rouages du régime de l’ancien dictateur, ce n’est pas suffisant.
La Toile en première ligne de la contestation
Sur Internet, les opposants restent plus mobilisés que jamais. Selon un classement établi par le site Kapitalis, près du tiers des Tunisiens sont connectés à Internet. Ils seraient par ailleurs près de deux millions à être inscrits sur Facebook, soit deux millions à faire circuler les appels à la mobilisation. De Facebook à Facebook, de couriel en couriel, de blog en blog, le mot d'ordre "Dégage" envahit la Toile.
Le blog "Débatunisie", détracteur de longue date du régime Ben Ali, ironise sur l’épidémie de l’allergie au "cancer mauve", couleur officielle du parti de Ben Ali.
Sur Facebook, le groupe Révolution tunisienne, qui compte plus de 55 000 membres, appelle à une mobilisation quotidienne. "La lutte continue ! Manifestons chaque jour sur tout le territoire tunisien avec un seul mot d'ordre " RCD dégage" !!!", peut-on lire sur son mur.
Le groupe "Action Citoyenne Tunisienne" appelle à une journée de forte mobilisation, demain jeudi, alors que le gouvernement doit tenir sa première réunion : " La démission de M'bazaa et Ghannouchi du RCD ne change rien ! La parole du peuple prime ! Demain sera une journée déterminante quant à la marche de la révolution de la dignité et de la liberté !", est-il écrit sur la page Facebook du groupe. Hier, quatre ministres de l'opposition ont démissionné du gouvernement.
Le gouvernement devait initialement se réunir ce mercredi, mais face à la grave crise qu'il traverse, Nejib Chebbi, le ministre du Développement rural, a reporté la réunion qui devrait se tenir jeudi. Au programme des points à  aborder : le "projet d'amnistie générale qui a été annoncé lundi par le Premier ministre Mohammed Ghannouchi et l'application du principe de la séparation de l'État avec le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l'ancien parti au pouvoir.