
Le magnat déchu et opposant politique russe Mikhaïl Khodorkovski a été condamné ce jeudi par le tribunal de Moscou lors de son deuxième procès à 14 ans de prison - soit six années supplémentaires qu'en première instance - pour détournement de fonds.
AFP - L'ex-magnat pétrolier russe Mikhaïl Khodorkovski et son associé, Platon Lebedev, ont été condamnés jeudi à 14 ans de prison et resteront détenus jusqu'en 2017.
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Les deux hommes ont été reconnus coupables par un tribunal moscovite du vol de millions de tonnes de pétrole et du blanchiment de 23,5 milliards de dollars, dès la lecture de l'interminable jugement de 800 pages qui avait débuté lundi.
Ils resteront en prison jusqu'en 2017, le tribunal ayant pris en compte la peine purgée depuis leur arrestation en 2003 dans le cadre d'une première affaire d'évasion fiscale et d'escroquerie, selon le site internet des défenseurs de l'ex-homme le plus riche de Russie, www.khodorkovsky.ru.
"La peine de 14 ans commence à compter de 2003", précise le site.
Assis dans une cage en verre, M. Khodorkovski a accueilli l'annonce de la peine avec le sourire, ne s'attendant pas à une relaxe après avoir été déclaré coupable de faits vivement contestés par la défense.
"Notre exemple montre qu'en Russie il n'y a pas d'espoir de protection contre les bureaucrates", a réagi M. Khodorkovski, dans un communiqué lu par un de ses avocats à la sortie du tribunal.
"Nous ne nous laissons pas décourager", a-t-il ajouté.
La réaction de la mère de M. Khodorkovski a été plus émotionnelle: "Soyez maudits, vous et vos descendants!", a-t-elle hurlé à la lecture du prononcé de la peine.
L'avocat de la défense, Iouri Schmidt a lui estimé que ce jugement était "illégal" et le fruit des pressions exercé par le Premier ministre, Vladimir Poutine.
Ce dernier avait déclaré à la mi-décembre à propos de l'ex-PDG du groupe pétrolier Ioukos, que "tout voleur (devait) aller en prison". La défense avait alors dénoncé une "ingérence directe" dans ce procès entamé en mars 2009.
"C'est un jugement cruel et honteux qui montre l'absence d'indépendance des tribunaux en Russie", a critiqué de son côté l'ancienne dissidente soviétique Lioudmila Alexeeva.
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"Un tribunal indépendant n'aurait jamais infligé une telle peine dans cette procédure absurde", a-t-elle déclaré à l'agence Interfax.
Le jugement de culpabilité des deux condamnés avait déjà été critiqué par les Etats-Unis et plusieurs pays de l'Union européenne, ce que la Russie a qualifié de prises de position "inacceptables".
Jeudi, quelque minutes après l'annonce de la peine, Berlin s'est dit "très préoccupé après la sentence".
M. Khodorkovski, ex-patron du groupe pétrolier démantelé Ioukos, et M. Lebedev sont en prison depuis 2003. Ils ont déjà été condamnés en 2005 à huit ans de prison pour escroquerie à grande échelle et évasion fiscale dans un premier procès.
De nombreux analystes considèrent que l'affaire Ioukos a été orchestrée par le pouvoir russe pour briser un homme d'affaires trop indépendant, qui finançait l'opposition et n'hésitait pas à contredire le président de l'époque, Vladimir Poutine, actuel Premier ministre resté de l'avis de nombreux observateurs l'homme fort du pays.
Ioukos, ex-fleuron de l'industrie pétrolière russe, a été démantelé lors du premier procès au profit d'entreprises proches du pouvoir.
De nombreux observateurs ont estimé que le deuxième procès serait un test des promesses que semblait annoncer le ton plus libéral du président Dmitri Medvedev, et enverrait un signal aux élites et aux investisseurs étrangers.
Des sympathisants de M. Khodorkovski ont accusé le tribunal de faire en sorte que le jugement soit prononcé juste avant le Nouvel An, marquant le début d'une période de congés jusqu'au 10 janvier, pendant laquelle ne paraît aucun journal.
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